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lundi 28 juillet 2008

21- François Bon, pas d'accord

Le Billet du jour. En passant par François Bon

Du «Sang noir» à Sansal, et retour

Par Grégoire Leménager

Le Prix Louis Gailloux ne s'honore pas seulement de porter le nom d'un des grands écrivains méconnus du siècle passé (plongez donc cet été dans «le Sang noir», et on rediscute à la rentrée). Depuis sa création en 1983, il a également récompensé quelques auteurs majeurs. Parmi eux: Nicolas Bouvier, Jorge Semprun et Pierre Michon, Jean Rolin, Olivier Rolin et François Bon, ou encore, l'an dernier, Christian Prigent pour un livre dans lequel on identifiait précisément la silhouette, irréductible et familière, du Guilloux dont son père était proche («Demain je meurs», POL).

Le lauréat 2008 est le romancier algérien Boualem Sansal et une chose est sûre: ce n'est pas grâce au soutien de François Bon. Le 23 mai dernier en effet, l'auteur de «Sortie d'usine» publiait sur son journal en ligne une lettre dans laquelle, au dernier moment, il annonçait se désengager du prix Guilloux. Le motif en était des plus respectables: il expliquait tout simplement n'avoir «pris aucun plaisir à découvrir les livres sélectionnés».

Les prix littéraires doivent être «inventés autrement», écrivait-il encore (en avançant au passage d'intéressantes propositions). Difficile de le contredire là-dessus. Même Franz-Olivier Giesbert vous le dirait. Pas avec les mêmes arguments ni les mêmes objectifs, mais il vous le dirait - d'ailleurs il l’a dit, non? Et sans doute «le Village de l'Allemand» n'avait-il en effet pas absolument besoin de cette nouvelle récompense: publié chez Gallimard, il a déjà été couronné en quelques mois par le Grand Prix RTL-Lire, le Grand Prix de la Francophonie et le Grand Prix du roman décerné par la Société des Gens de Lettres.

Il est possible en revanche que Bon y soit allé un peu fort en lançant cet appel: «Au nom de Louis Guilloux, éloignons-nous de ces formes qui tiennent avant tout à une idée sage de la bourgeoisie». Car si Sansal n'indique pas la voie d'un renouvellement radical de l'écriture romanesque, on retrouve justement dans son «Village de l'Allemand» quelques-uns des traits les plus caractéristiques du «Sang noir», du «Jeu de patience» ou même d'«OK Joe»: une efficacité narrative passant par un récit à hauteur d'homme, ancré dans un sentiment d'urgence face au réel - face à une Histoire en marche, qui nous attend au tournant, en nous collant sur les bras quelques inquiétantes questions. C'est renouer avec la littérature des années 30 dans ce qu'elle garde de plus puissant.

On aimerait pouvoir en dire autant de beaucoup d'autres écrivains contemporains. On peut certainement le dire de François Bon (dont on attend avec joie le «Led Zeppelin» à paraître l'automne prochain). Mais tous n'en sont pas vraiment là.

G.L.

26.06.2008

in: bibliobs.nouvelobs.com/2008.06.26
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Voici la lettre de François Bon :

Les prix littéraires : inventer autrement ?

copie de lettre amicale au jury du prix Louis Guilloux

Ce soir, j’aurais dû participer aux délibérations du prix Louis-Guilloux, à Saint-Brieuc, et je m’y serais retrouvé en compagnie amicale.

Mais c’est au-dessus de mes forces, et pas seulement pour la période écrasée de travail, finalisation du Led Zeppelin. Brassait dans la tête, tous ces jours, une question de cohérence et de choix sur le fond.

Dans la logique de ce site personnel depuis son début, chantier et réflexions à ciel ouvert, la lettre que je demande à Yvon Le Men de transmettre aux membres du jury, qui avait bien voulu m’accueillir, et auprès desquels je m’excuse de ce revirement.

Chers amis,

Il y a quelques semaines, Yvon Le Men, en votre nom, me sollicitait pour vous rejoindre dans le jury du prix Louis Guilloux.

L’œuvre de Louis Guilloux est de celles qui comptent, et sont pour aujourd’hui un signe d’exigence, de radicalité dans la non-compromission, un ancrage social, aussi, pour le territoire donné à nos formes littéraires. Je suis très fier que vous m’ayez accordé ce prix pour le récit consacré à la mémoire de mon père, Mécanique, en 2002. Et fier aussi des auteurs que je rejoignais dans la liste de ses attributaires.

Pour ces raisons, et le grand partage qui me lie à Yvon, depuis des années, j’ai accepté cette proposition.

Il y a aussi que l’âpreté ouvrière de Saint-Brieuc me rend cette ville proche et singulière, et que votre département des Côtes d’Armor compte dans mes origines familiales : un pêcheur de Lannion, amputé d’un bras, et contraint de monter à Paris à la fin du siècle dernier pour se faire cocher de fiacre, c’est pour lui aussi que j’acceptais cette rencontre.

Ce n’était pas à la légère, ce n’était pas non plus sans réserve : plusieurs fois déjà sollicité pour des jurys de prix, j’avais toujours refusé.

Cependant, au moment de vous rejoindre, les réserves prennent le dessus. Il s’agit d’un prix richement doté (20 000 euros - soit le triple de ce qui m’avait généreusement été accordé il y a 5 ans, cela dénote votre volonté, votre effort), accordé par une institution territoriale (le Conseil général des Côtes d’Armor), à un roman.

Je n’ai pris aucun plaisir à découvrir les livres sélectionnés : est-ce que le roman est vraiment encore la forme du risque en littérature, aujourd’hui, risque qui passe aussi par la phrase, la forme, l’inscription du récit dans le réel ? Plus je pensais à Louis Guilloux, et en relisais des pages, plus c’est le statut et l’intervention de l’auteur qui me semblaient importants, et non pas l’objet qui en résulte.

Les chiffres de l’édition, les chiffres de la librairie vont bien : augmentation du chiffre d’affaires. Rien qui pousse à remettre en cause un système que nous sommes pourtant nombreux à considérer comme pris d’un vertige suicidaire. Dans l’ombre de l’inflation des titres, une rotation accélérée et destructrice des ouvrages qui demanderaient une diffusion lente, et un phénomène de loterie de plus en plus sévère pour la diversité nécessaire à la création. C’est ce système qu’entretient la spécificité française de cette multiplication des prix littéraires.

Et puis, lisant les titres sélectionnés, ne pouvoir s’empêcher de penser à ce que représentait Guilloux. La question de la vie quotidienne, l’implication dans le ressenti, le sensible de ceux auxquels on ne demande rien. J’ai éprouvé cela, cette année, en lisant Peau, d’Antoine Emaz : mais c’est précisément ce qui éloigne Emaz du roman. Il y a une œuvre, un parcours, un homme, mais à côté de notre cible. De même, accroché depuis plusieurs années à un travail pour moi nécessaire et vital de remontée dans le présent, via les mutations des années 60 et 70, au travers du hasard et destin de figures de vingt ans, mais que les projecteurs du rock ont permis de sur-documenter – et même s’il est hors de question de recevoir deux fois votre prix !, je ne vois pas en quoi mes livres sur les Rolling Stones ou Bob Dylan m’éloignent de cette passion littéraire où Balzac a le plus contribué à me placer : mais ce ne sont pas des romans.

La littérature est invention, mais aussi intervention. Par Louis Guilloux, nous apprenons que l’un peut se conjuguer avec l’autre. Allons-y au culot : pourquoi ne pas récompenser un site Internet ? Non seulement c’est là que sont l’invention, la réflexion et l’intervention, mais ceux qui comptent s’élaborent loin des trompes et fanfares, via des démarches bénévoles auxquelles il serait grand temps de signifier un peu de reconnaissance symbolique. Ce serait une belle novation, de dire : le prix Louis-Guilloux accordé par le Conseil général des Côtes d’Armor dote de 20 000 euros un site Internet de création et d’intervention littéraires (je peux en proposer six au moins qui en seraient dignes).

Au nom de Louis Guilloux, éloignons-nous de ces formes qui tiennent avant tout à une idée sage de la bourgeoisie. Bien sûr, il y a des exceptions : la vôtre, ou celle du prix Wepler. Mais elles se définissent par rapport au modèle principal, comme contre-modèle (encore, cette semaine, un prix de l’inaperçu !). Fier des gens que vous avez honorés ces dernières années, mais peur qu’au final ça conforte l’ensemble du système : il a place, dans la totalité du dispositif, pour une question dont nous aimerions, de notre côté, qu’elle soit posée globalement à la littérature, et où le vieux mot d’engagement n’est peut-être pas périmé.

Croyez qu’il n’y a rien de prémédité dans cette impossibilité pour moi, ce matin, à prendre la voiture et vous rejoindre. Cette semaine, j’ai découvert le partenariat inauguré entre un lycée de Poitiers et l’écrivain Alberto Manguel : pourquoi, au lieu d’un prix, ne pas labelliser « prix Louis-Guilloux », en amont, une expérience dont vous décideriez du lieu et des formes, projet d’écriture et liaison inventive de l’auteur choisi avec un lieu de travail ou un établissement scolaire ou universitaire ? Moi-même, cette semaine, deux réunions de travail, une en Seine Saint-Denis et une dans le département du Cher, sur ces questions de résidence, d’intervention : sortons du camp retranché de la littérature produit de consommation. C’est vital des deux côtés. Prix Louis Guilloux : un an d’accueil d’un auteur dans votre département, pour un projet d’écriture, et un partenariat de fond avec une bibliothèque, un lycée, un lieu de travail, la possibilité d’inviter d’autres auteurs pour des lectures, etc...

J’y ai beaucoup pensé aussi lors de mes trois jours à Etonnants Voyageurs (merci, Michel et Yvon, pour cette impressionnante qualité de dialogue et d’accueil). Bien sûr, Etonnants Voyageurs accorde aussi des prix littéraires : mais c’est sur le terrain que ça se joue, dans ces rencontres, dans le rapport à la ville (livres qu’on signe pour l’agent des douanes, l’intervenant protection judiciaire de la jeunesse, l’institutrice en zone rurale…) : ce dont on a besoin, c’est d’invention.

Etes-vous vraiment satisfait des romans proposés à votre choix ? Satisfont-ils à ce que vous demandez au langage, dans sa relation au monde, dans sa façon de mettre à nu le monde et de l’ouvrir, d’y faire revenir, en écho, en interrogation, la figure de l’homme ? Cette semaine, malgré les grandes orgues médiatiques consacrées aux Assises internationales du roman, organisées à Lyon par la Villa Gillet, on a comme une fatigue d’avance à ce qui s’annonce de marée pour la rentrée littéraire à venir. Bien sûr, il y a des exceptions : prenez Parc sauvage, zoom autobiographique de Jacques Roubaud, en accompagnement de plusieurs décennies de pratique de poésie, et revenant sur 1942, prenez, dans la même collection Fiction & Cie, L’instant et son ombre de Jean-Christophe Bailly, réflexion à partir d’une photo d’Hiroshima 1945, prenez Film à venir de Jean-Marie Gleize : la littérature fait son travail, vis-à-vis du monde, vis-à-vis des formes. Mais, là où ça rejoint nos questions, c’est à côté du roman. Soyez dans la radicalité de vos exigences, au nom même de Louis Guilloux : si les livres n’y répondent pas, c’est que les bons livres n’ont pas été détectés, ni choisis.

Si, au lieu d’un prix littéraire de plus, un prix comme les autres et merci du chèque, vous souhaitez que nous réfléchissions à d’autres formes, croyez que je serai avec vous.

En tout cas, très touché que vous m’ayez fait cette proposition, qui m’honore. Beaucoup de regrets de ne pas avoir su vous dire cela plus tôt, et dire non quand il l’aurait fallu : mais voilà, trop de choses cette semaine, dans le même sens, qui m’obligent à trancher.

En amitié

© François Bon _ 23 mai 2008

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jeudi 5 juin 2008

20- Merci

Bonne chance à celles et ceux qui se préparent à un examen.... Cool ! and no stress si possibeul.


vendredi 30 mai 2008

19- Le village de l'Allemand et Tchektchouka

in:

http://sentiers-sentiers.blogspot.com/

Le sujet « Sansal » ne cessera pas de revenir sur le tapis, tant il a de rapports avec l’Algérie et ses démons. Avec ‘’nous-mêmes’’ et avec les ‘’autres’’. Avec nos vérités et avec nos mensonges. Avec nos délires et nos unanimismes. Mais aussi avec nos petitesses évidentes. Avec notre prétention à la pureté et sans doute avec nos complaisances. Avec nos copinages et nos intransigeances. Avec notre atavique tribalisme et notre volonté de nous en détacher…avec tout ce que cela comporte d’enjeux.

Mais il y a quelque chose qui ne rentre dans aucune de ces considérations : la critique. Encore faut-il se demander : quelle critique et selon quelle école ? Je veux dire la critique argumentée qui essaie de comprendre et de faire comprendre. Peu importe qu’elle soit indignée ou gagnée à l’opinion du journaliste, du romancier ou de quiconque d’autres. L’essentiel est qu’elle sorte de la phraséologie filandreuse et qu’elle serve un souci de vérité. Or cette vérité, on peut la décanter d’une manière ou d’une autre – de façon textuelle, historique, politique, psychanalytique, sociologique…

Hélas, même des intellectuels – se disant ouverts, tolérants, universalistes, humanistes, plus éveillés que le reste du monde… – considèrent la critique comme un sacrilège, un lynchage, une pratique assassine. Laissez-moi débiter tranquillement mes âneries. Sinon je dirais que vous êtes mauvaise langue. Ou jaloux…si je me réfère à un article consacré à Sansal, paru dans Algérie News. Attention : quand on s’indigne de la sorte c’est pour appeler la foudre et l’apocalypse toutes réunies. Ainsi Sansal est-il pour beaucoup lynché par les siens ! Ou par les chiens ! Kif-kif. Allons donc ! Qui dit mieux ? Il n’en est rien : les positions et les idées récusées par certains de ses disciples n’appartiennent pas à l’opinion avouée. Elles constituent l’essentiel de leurs non-dits. C’est à la rigueur tendre la perche à un ami qui se noie. Khouk khouk lâ ighayyarak sâhbak. Sinon : Annsaar Akhâka dhzâliman aw madhzloumann. Ces logiques vivent encore en ‘’nous’’. Elles ne supportent guère la critique. Mais elles trouvent des voies de recours dans le verbiage. Par exemple : «Boualem Sansal a le courage de dire ouvertement ce que beaucoup pensent depuis longtemps sans le dire».

Bref, Sansal a suivi la voie qui lui semblait – matériellement, oui, disons-le – la plus intéressante. Aux dépens d’un bon sens commun/communautaire. C’est tout son droit. Mais aux dépens de cette ‘’pureté’’ qui fait qu’un écrivain se distingue généralement de la masse du peuple ou de ses lecteurs. Eh, oui… Dans l’imaginaire de beaucoup l’écrivain est celui qui est franchement inspiré. Comme qui dirait un prophète (Astaghfirou-llah !). Désolé, les choses sont ainsi faites. On ne change pas le monde en un jour. Alors que Dieu a mis six bonnes journées pour le créer. Qu’il est grand, en fait, le désordre apporté à la bonne conscience par un sujet fait de bric et de broc. Qui chantait la Shoah. Et chantait faux. Et, de ce fait, paraît-il, ces lecteurs algériens n’ont pas été à la hauteur de son talent. Voire de son génie. Sansal n’a pas les lecteurs qu’il méritait, disent sans cesse ses amis du NouvelObs. De fait, il n’a pas été suivi sur cette pente scabreuse. Hormis ceux dont les « constantes » (arabité, islamité…) exacerbent outre mesure et que Poste restante : Alger a fustigées pour le bonheur d’une ‘’haute idée’’ de l’Algérie française. Que Sansal, en fin de compte, n’ait pas trouvé de bons lecteurs chez les Algériens ne signifie rien d’autre qu’une allégation puant le racisme et le mépris de l’autre.

Vous êtes antisémites, dit Sansal aux Algériens. La guerre d’indépendance n’a pas seulement donné l’occasion à des « tyranneaux » de prendre le pouvoir. Elle est selon lui tout bonnement illégitime. Sansal n’a rien dit de tel ? Que fait donc un nazi dans les rangs de l’ALN ? Et ses interviews venues après-coup l’expliciter, comme s’il n’avait pas pu tout dire dans son roman. Ou qu’il craignait de n’être pas assez compris par ses amis outre méditerranée. Il est intéressant, toujours est-il, de savoir que ce refrain coïncide de façon formidable avec la campagne récente de dénigrement consistant à faire croire que les Algériens sont racistes vis-à-vis des Juifs (« Ihoudi hachak »). Et, tenez-vous bien, non l’inverse. Le film de Jean-Pierre Lledo Algérie : histoires à ne pas dire s’inscrit dans cette mouvance et cette spirale de conspiration culturelle. Les Algériens sont de toutes les intolérances ! Ne vous gênez pas, empilez : ils ont le dos large.

Il suffit de creuser un minimum pour constater que derrière tout cela il y a l’amertume personnelle des gens. Il y a des prétextes comme des lieux que l’on pourrait nommer défouloirs ou dégueuloirs… Il y a des règlements de compte… qui entrent en ligne de compte. Il y a les intérêts et les luttes de clans…Cela, à un moment où le pouvoir algérien donne tout l’air de s’enliser – pour longtemps – ou pour toujours – dans des incohérences. D’une part, la loi amnistiante incapable de juguler la violence terroriste. De l’autre, les émeutes, la mal vie, l’émancipation contrecarrée…tout cela qui justifie la devise : tous les coups sont permis. C’est dire si tout le monde ne doit pas mettre en avant sa vérité et revendiquer sa part de génie et de bonheur.

La danse alors s’emballe. Frénésie. Désordre. Et obscurcissement de la vision. Moment opportun. Prestidigitateurs et adversaires d’antan entrent alors en scène ou en danse. Mettent du leur. Chauffent les tambours. Distribuent les trompettes. C’est à qui claironne plus fort ! Sansal est de la partie. Il est celui qui peut peut-être le mieux convaincre que l’islamisme et le FLN sont les deux faces d’une même pièce. Un poncif tenue en vie par un certain Occident. Kif kif... l'amalgame. L’absence de discernement et l’emporte-pièce sont élevées jusqu’au modèle. Et jusqu’à l’indiscutable. Vive le roi.

Après le prosélytisme islamiste qui mit le feu à tous les foyers, voici le prosélytisme protestant. Bonjour notre intolérance. Et bonjour notre mise à l’index (moralement, il va sans dire) par le monde bien-pensant. Le cas « Habiba » : une preuve que nous sommes infréquentables. Cependant que l’Algérie compte 60.000 chrétiens pratiquants – accomplissant leur foi sans être inquiétés. Des centaines et des centaines d’articles sont consacrés à cette femme transformée par les préjugés occidentaux en martyre de la foi.

Cela, alors que la justice n’a pas tranché. Et alors que le juge n’a pas encore ouvert la bouche. On ‘’nous’’ juge…avec préméditation.

Surfer sur la toile m’a permis de voir que cette affaire est au fond bien crasseuse. Elle est en rapport évident avec les passions de l’homme et les sentiments primaires. Avec les ruptures identitaires entretenues et aggravées depuis des siècles. Quand des médias mettent en avant des détails de l’enquête d’autres les méprise et les occulte – carrément. Dans le meilleur des cas, la dizaine de bibles trouvée chez Habiba n’est pas mentionnée. Des déclarations indignes mais pratiquement invérifiables sont prêtées à ses procureurs. La manipulation est à l’œuvre. On donne libre cours à l’extrapolation. L’inconscient collectif se déchaîne sans délai et au plus vite. Armada ! Charles Quint lance sa flotte – malchanceuse. Mohamed Benchicou du Matin Dz, lui, lance une escouade d’articles.

Bouteflika derrière l’inquisition et la lutte contre l’évangélisation. Cet article est accompagné de l’effigie du président de la république et de son premier ministre. Il l’est aussi pour ceux de Malek Chebel et de Boualem Sansal. Voir par conséquent dans cette esthétique une généralisation. Et autant une radicalisation de l’opinion que son orientation. Les présidentielles se profilent à l’horizon politique. L’idée d’un troisième mandat offert par ses pairs à Bouteflika par l'entremise d'un « viol de la constitution » fait craindre le pire. Mobilise des énergies et des stratégies pour lui barrer la route. Le journalisme algérien (pour indépendant qu’il prétende être) y est ainsi impliqué. Financé sans conteste par des sphères privées. Du moins par des sphères occultes et influentes du pouvoir lui-même. Le Matin Dz : un électron libre. N’en croyez rien. Considérez bien la place allouée au terme « inquisition » et son appartenance stricte au paysage occidental. Car le message veut plaire. Et il a un destinataire. Quant à « évangélisation », il est mis pour neutraliser celui de « prosélytisme » – loin d’être aussi incriminant. Comprendre : le procès de Habiba n’a pas lieu d’être. Donc : ni raïs ni Etat. Ni juges ni policiers.

Malek Chebel : ‘’L’Islam n’est pas responsable de l’usage qui en est fait. On n’imagine jamais assez les efforts investis par ‘’notre’’ Chebel pour ‘’nous’’ prêter une meilleure image en Occident – pour nous rendre fréquentables. Il lime, rogne, équarrit, emboutit, rectifie, polit, perfore certains mythes, arrange leurs contours…Il en fait trop, notre mécanicien. Mais il en profite…aussi. Là, Benchicou sous-entend que si l’Islam est tolérant c’est en son nom qu’on tyrannise cette pauvre chrétienne de Habiba. Les musulmans sont des tyrans ! Ils sont tous islamistes. Bouteflika et Belkhadem – en tout cas . Voilà une façon de dire implicite et indirecte. Le sens est déplacé par glissement imperceptible. Et par superpositions insinuées. Au total, il suffit de mettre à la une, opportunément, cet article. Lequel d’ailleurs n’est pas actuel et qui, a fortiori, a déjà paru sur le site du Matin Dz.

Algérie – Affaire Habiba : La France qualifie le procès de ‘’choquant’’. La France ici signifie : Droits de l’homme à la Rama Yade. Et l’article lui est consacré. Encore une fois l’Occident se présente en donneur de leçons. Benchicou lui ouvre une tribune. Etrange : un gouvernement de droite française qui bafoue tous les droits de l’homme trouve à s’apitoyer sur le sort d’une Algérienne. La sympathique Rama Yade sait-elle au moins qu’elle fait partie du lot des ministres à juste titre qualifiés d’alibis. Cache-sexe du mépris et du saccage. Or Benchicou nous invite à venir paître dans son râtelier qu’il nous présente comme étant celui de la tolérance. Chez lui, le cap du énième millier de visiteurs est dépassé. Autant y aller. Consommer politique… Les idées et les valeurs… ça s’importe ! Et ça tue… quand ça pue et que c’est avarié.

Algérie : Tollé autour de Habiba la chrétienne persécutée. Benchicou enfonce le clou. Habiba est persécutée. Il en est catégorique. Mais son information est puisée chez ses confrères algériens – en tout cas tronquée des éléments d’enquête susceptibles de donner une vision nette, d’amener à faire la part des choses, d’inviter à plus de circonspection, d’éviter de tirer des conclusions hâtives… Au lieu de cela : des appels quasi ‘’insurrectionnelles’’. Le moindre en fait est que cela suscite la hargne, pousse au chaos – au prétexte de parer au désordre. Pardon, Habiba, si je te contrarie. Et si je t’offense. Nous sommes tous des justiciables. J’aurais été juge, je vous acquitterais. Attends, pas à si bon compte. Prison avec sursis. Je te ferais remarquer – si tu ne le savais pas – et que tu n’en étais pas consciente – qu’il y a une loi qui interdit le prosélytisme. L’Etat pour le bonheur de tous entend la faire respecter. La prochaine fois... la prison ferme.

Boualem Sansal : ‘’Nous vivons sous un régime national-islamiste’’. Boualem revient. Pas seulement en arrière. Ni pour rien. Chez Benchicou, il reprend place à la une. Pensez-vous, si on peut mieux que Benchicou orienter l'opinion. Boualem : une autorité intellectuelle. Même si ses propos sont recyclés, à l'envi. Et son esprit formaté, outre méditerranée. Au final : coups d'épée dans l'eau. Que ça ! L'homme rase les murs en Algérie – son pays qu'il déteste, qui le déteste. Le parallèle islamisme/nazisme, qui en croit vraiment aujourd’hui pour lui tendre l’oreille. Thèse invalide. Ça marche encore chez ‘’nous’’. J'en conviens. Et ça arrange pas mal de monde.

Qu'importe. Monsieur Benchicou opère par identification : aujourd'hui, il prend à cœur l'affaire "Habiba". Humanisme oblige. Peut-être. Mais il veut surtout lui donner une résonance politique et idéologique. Par quel moyen ? Par une vision du monde à la Rama Yade. Ça sent le Sarkozisme …et sans conteste le mépris qu’a l’Occident vis-à-vis de ‘’nous’’. A quel prix ? Cher… trop cher… Je vous le dis : il fait le jeu de certains. Il apprête les consciences à recevoir ‘’le saint sacrement’’. L'essentiel étant pour lui d'avoir raison sur Bouteflika et son pouvoir.

Donc : alignons si vous le voulez bien ces noms et faisons le compte : Benchicou + Sansal + Chebel + Habiba VS Bouteflika et consorts. Très simple ! Opportun veut dire opportunité si ce n'est opportunisme – certains jours. J'oubliais : la grande contradiction ! Monsieur Benchicou, dans un article paru sur Le Matin Dz, donc chez lui-même, a fustigé le Sansal du "Village de l'Allemand" – au même titre que le Marek Halter de tous les partis pris, qu'il dit regretter d'avoir lu. C’était quand il annonça à ses lecteurs qu’il n’irait pas au Salon du livre de Paris. Evident : il n’avait pas le front d’airain de Sansal. Ou peut-être : il n’avait pas de chèque à empocher.

Pas grave : sa colère est maintenant passée… On peut lui pardonner. Aujourd’hui, l’heure est aux règlements de compte. Aussi peut-être faudrait-il aujourd’hui, plus que jamais, régler les pendules à l'heure de Sansal, du Nouvel Obs, de La Croix, de Jésus, de Rama Yade… plutôt qu'à l'heure de Mahomet qu'on mêle à tous les intégrismes et tous les totalitarismes. Qu’on mêle à toutes les intolérances en s’en défendant de faire rien de tel. C’est à se demander quel Algérien n’a pas – peu ou prou – les pieds dans la fange. Puisque notre athéisme, notre laïcité, notre ouverture d'esprit, notre vision de démocrates, sont eux aussi pour le moins entachés d’intolérance. De machiavélisme. La demi-mesure, nos démocrates autoproclamés la connaissent-ils ? Les extrêmes se touchent. Que l’on soit de la trempe de Sansal ou de Ali Belhadj …toujours la rage. Et la table rase !

Rédigé par :

Mohamed-Salah Zeliche

Article paru in La Nouvelle Republique du 03-06-2008

http://sentiers-sentiers.blogspot.com/

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Relevé dans le livre d’or de : http://dzlit.free.fr/

Le 26/05/2008 à 22:07:55 De : Youghourta Kebbous

Je suis un visiteur régulier de la page et je voudrais encore une fois vous feliciter et vous dire merci pour la bonne tenue. ce que je voudrais par contre exprimer, c’est ma tristesse de voir le lynchage affreux qui se fait sur votre page sur l’écrivain Boualem Sansal. il n’y eu aucune réponse au problème que pose l’écrivain, c’est dommage ça aurait fait un débat qui traitera l’Algérie d’aujourd’hui.

Le nazisme et l’islamisme. Si la combinaison vous semble vulgaire et bien messieurs dames, je doute de votre sincérité a vous. Dites-moi les auteurs d’aujourd’hui qui dénoncent le glissement politique actuel aujourd’hui en Algérie la corruption, la répression, la hogra, l’intolérance...qui la dite? on n’a pas fini de nous battre pour une liberté de l’expression pour faire parler la société, faire dialoguer le peuple que la violation de l’intégrité et du droit d’avoir une conscience en Algérie pointe du nez. En Algérie ça sent mauvais chez nous, Boualem Sansal en citoyen et intellectuel responsable et modèle tire la sonnette d’alarme. J’ai lu tous les ouvrages de cet écrivain d’un trait depuis la lecture d’Algerie poste-restante (sauf le sermon des barbares) j’attends vivement le prochain. Vous voulez faire les réconciliateurs mais autour de quel projet? vous voulez le silence des vrais intellectuels, qui ont un rêve et l’amour de leur terre et de leur peuple. Boualem Sansal est l’homme authentique au milieu des siens.
Mes amitiés

Youghourta Kebbous

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27 mai 2008

Bonjour toutes, tous,
Comme je le fais régulièrement, j'ai jeté un oeil sur le livre d'or du site DzLit. La plupart du temps, il n'y a rien de nouveau, mais aujourd'hui un message m'a interpellé, c'est celui de Youghourta Bebbous (pseudo bien sûr).
Le message parle de lynchage affreux de l'écrivain Boualem Sansal sur DzLit et doute de la sincérité du site.
Chacun pouvant avoir son avis, même injuste, je n'en aurais fait aucun cas si je ne m'étais rappelé qu'il y a peu, il m'était reproché ici même d'aider mon ami Sansal.
Je trouve, comme l'a dit Jean de La Fontaine qu'on ne peut contenter tout le monde et son père.
Il faudrait donc savoir !
(Je signale au passage qu'il y a, à ce jour 1282 pages distinctes d'auteurs !)

J'ai fait une réponse à ce cher visiteur et vous en donne copie ci-après.
Amitiés,
Lounes Ramdani

Bonjour Youghourta Kebbous,

Je viens de lire le message que vous avez bien voulu laisser sur le livre d'or de DzLit et je vous en remercie.
Je tiens à vous faire remarquer que le site propose des pages dédiées à de nombreux auteurs et que chaque page à vocation à reprendre des commentaires et articles de presse qui ont paru relativement aux ouvrages de l'auteur.
Ces articles sont repris sur DzLit, avec citation du journal, de la date et du journaliste auteur, sans pour autant refléter d'opinion ou de jugement de valeur.
Par ailleurs sont repris aussi bien les articles qui encensent l'auteur que ceux qui le fustigent, c'est la pluralité des avis. Il n'a jamais été question de censurer ni de s'interdire de faire état d'un avis contraire, au motif qu'il ne serait pas favorable à l'auteur.
Je précise toutefois que je partage votre opinion sur Boualem Sansal qui a le courage de dire ouvertement ce que beaucoup pensent depuis longtemps sans le dire.
Mais est-ce une raison, justement, pour se voiler la face et faire comme s'il n'y avait que des avis favorables ? D'ailleurs la plupart des autres articles lui sont très largement favorables.
Les reproches éventuels, s'il y a lieu, ne doivent être adressés qu'aux auteurs des articles et non au site qui les mentionne en toute impartialité.
Je vous réitère mes remerciements pour votre message.
Bien cordialement,
Lounes Ramdani

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27 mai 2008

Votre réaction à ce mot me parait très juste Lounes, en effet les avis même s'ils sont divergents doivent pouvoir être lus. Amicalement.

Marie
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lundi 26 mai 2008

18- Le village... A vous de juger: insultes ou recension?

Nos journalistes ne parlent pas du contenu de certains romans, mais ils savent insulter. Jugez:


Le Quotidien d’Oran lundi 26 mai 2008

Nazisme et opportunisme

par Ali Bellakehal

Il y a en ces temps troublés, s’élevant çà et là, outremer et en deçà, des voix, des cris d’orfraie, de veuve outragée criant scandale, ameutant le voisinage tout en se drapant dans les oripeaux de la vertu. Des voix d’ici empruntant les canaux de là-bas et distribuant à tour de bras les griefs.

Ainsi en est-il d’un écrivain encensé à longueur de pages du Matin jusqu’au soir et sous tous les Horizons voire jusqu’au Nouvel obs. Ce sont hélas là les procédés médiatiques qui font et défont les stars, héros de pacotille voués à une existence proportionnelle au service rendu, un peu à la manière des piles qui s’usent si l’on s’en sert.

M. Sansal après être entré en disgrâce (Cet ancien haut-fonctionnaire en Algérie, limogé en 2003) monte au créneau et devient la Vedette de l’éphémère thème d’actualité monté en épingle par les médias français et francophiles. Son fameux pétard mouillé: que d’aucuns verraient bien en best-seller à la Paul Sullitez, s’intitulant «le village de l’Allemand» est qualifié de roman de choc par le Nouvel Observateur.

Du coup, M. Sansal se voit propulsé à l’avant-scène, tout ébloui par les feux de la rampe- on le voit bien à la manière dont il pose pour la photo du nouvel obs-, ceux-là mêmes dont il a en vain longtemps, si longtemps, rêvé dans son pays. Le Voilà enfin porté au pinacle tel un Sifaoui, un Meddeb, un Benzine ou la cohorte de plumes indigènes au service de la Patrie des lumières.

Particulièrement inspiré, il se lance sans retenue dans une diatribe contre, l’affirme-t-il crânement, l’islamisme dans son acception actuelle, c’est-à-dire l’exploitation politique de l’Islam.

Il a ainsi le culot d’assimiler l’islamisme au nazisme d’où la floraison d’articles provocateurs de la presse francilienne ravie de l’aubaine:

- Boualem Sansal: «Nous vivons sous un régime national-islamiste»

- Boualem Sansal: «L’islamisme se rapproche du nazisme» (le site du Nouvel obs)

- «La frontière entre l’Islamisme et le nazisme est mince»

Ce qui est dommageable pour l’étoffe du héros tissée avec tant de mélioratifs «monumental Sansal» «Un sacre littéraire». «Un bijou romanesque digne de tous les éloges»- c’est le courage qui lui a manqué lorsqu’il ne put qu’insinuer de façon tellement pateline une analogie entre l’Islam et le nazisme.

Dans la même veine, que ne voilà-t-il pas un certain Merdaci qui commet, le 24 février 2008, un article dans le Quotidien d’Algérie. Cet écrivain universitaire comme il se plaît à s’autodésigner intitule son torchon qui ne brûlera que sa propre prétention «Une suite allemande». Il s’y accorde un malin plaisir à jeter l’anathème sur les valeureux combattants algériens (authentiques «argaz» qu’il traite de vulgaires «Spadassins» et de «sicaires» euphémismes du mot assassin) qui ont secoué le joug colonial tels M. Bouras le père des SMA, M. Aït Athmane, M. Iguerbouchène, M. Mohamed El Kamal et plus particulièrement le Colonel Mohammedi Saïd, Mahiouz et H’mimi qu’il accable de tous les lazzi, avec la même haine que leur voue le nostalgique admirateur de Bigeard qu’est le père des «Fils de la Toussaint». Même le grand Martyr, le symbole transcendant de la résistance farouche, le Colonel Amirouche n’échappe pas à la furia de notre écrivain universitaire en sa qualité de supérieur hiérarchique de ces prétendus nazis algériens (notons au passage que c’est Si Nacer qui est le supérieur du Colonel Amirouche). Et il y va de ses comparaisons douteuses (dans la mesure où elles puisent leurs termes dans le martyrologe français et sémite). Il fait notamment référence à Our Ador sur Glane, à la fumeuse solution finale et aux crimes contre l’humanité.

La longue nuit coloniale manquait-elle de témoignages sur les atrocités de la bête immonde; l’extermination des Oufias dans l’Algérois, les emmurés des grottes de Sbéahs dans la région du Chélif, le gazage des 1.000 membres des Ouled R’yah dans le Dahra par Pelissier en 1845, les mains et les oreilles des victimes algériennes empilées dans les sacs de jute pour justifier les primes de baroudeurs français: tout cela ne préfigure-t-il pas, un siècle à l’avance, la solution «finale» et les chambres à gaz de Himmler qui, comparé aux bourreaux du peuple algérien, pourrait passer pour un enfant de choeur. Nos intellectuels, qui ont sûrement acquis leurs lettres de noblesse dans les universités algériennes avant d’être séduits par les sirènes de l’Occident, ont visiblement vite fait d’oublier l’histoire d’un pays qui leur a tout donné pour s’abandonner au délices d’une Capoue dont Zidane et bien d’autres ont bien vite fait de découvrir la glaciale face cachée.

Ils ont enfin compris que la nuit couvrira de son manteau d’encre les étoiles filantes éclairant le ciel d’outremer, qu’aux paillettes, qu’au strass, qu’aux flashes des paparazzi succède le silence sépulcral. Plus haut on s’élève et plus dure sera la chute; seul demeurera gravé sur le parvis de l’histoire le mal qu’on a fait aux siens, à sa culture et sa civilisation car comme le dit si bien l’adage bien de chez nous «la chair (de l’individu) qui pourrit sera recueillie par les siens».

Pour le lecteur attentif, il n’échappe point que ces articles, surgissant dans une telle conjoncture, obéissent à une logique habilement escamotée. Une campagne bien orchestrée se profile bien derrière tout ce tapage médiatique. La simultanéité de ces écrits tentent de faire ressortir une collusion entre la Grande Révolution et les ex-nazis, n’est que le signe avant-coureur d’une guerre médiatique visant à porter atteinte à l’Islam comme le résument si bien ces formules racoleuses: (Un régime national-islamiste) rimant (avec national-socialisme) / «L’islamisme se rapproche du nazisme» entendez par là l’Islam.

N’est-il pas pour le moins intrigant que cette campagne promotionnelle pour des écrivaillons hostiles à l’Islam, cette fois bien de chez nous, aille de pair avec la nouvelle affaire des caricatures danoises; les sorties de la «célèbre» députée hollandaise d’origine, tenez-vous bien Djiboutienne et «musulmane, précise-t-on lourdement dans les médias français», ainsi que les récentes déclarations du ministre de l’Intérieur allemand qui réclamait une publication systématique de ces dessins dans toute la presse européenne.

Il y a là comme un relent de haine pour l’Islam, une terreur qui ne dit pas son nom et une grossière provocation.

La raison est aussi claire que l’eau de roche. Les motivations d’une telle campagne coïncident: D’une part avec le grand réveil de l’Islam et de l’échec de l’assimilation des populations issues des pays musulmans qui ne veulent aucunement se départir de leur religion malgré toutes les accusations de terrorisme et les thérapies de choc auxquelles est soumise la deuxième génération. L’islamisation galopante de l’Occident chrétien fait frémir l’establishment et tous les magnats de la presse qui en sont les porte-voix.

D’autre part, avec les évènements du Proche et Moyen-Orient. En effet, à chaque fois, qu’un massacre de grande envergure se prépare contre les populations musulmanes, un écran de fumée est déployé dans les médias pour masquer, pour bander les yeux de l’opinion publique internationale et l’empêcher de voir les horreurs se perpétrant à huis clos.

Scénario désormais classique, utilisé lors des évènements de Roumanie lorsque les médias ont braqué leurs caméras sur le couple Ceausescu et sa tragique fin en vue de passer sous silence l’assassinat de 7.000 Panaméens lors de l’invasion de leur pays par les Gi’s.

L’actualité sanglante de Palestine, survenant immédiatement, pendant le grand raffut médiatique sur l’hostilité de l’Islam à l’Occident, résonne dans nos têtes comme un tumulte tellement lointain qu’il perd toute signification, tout intérêt.

Et les corps d’enfants déchiquetés par les missiles air-sol des Apaches et les tanks nous paraissent aussi factices que les marionnettes du bébête show.

Elle est bien loin la liberté des médias qui a fait cesser la guerre du Vietnam. La presse est aujourd’hui devenue l’outil de désinformation par excellence aux mains des militaires. Et si une chaîne de télévision telle El Djazira ou El Manar s’avise à jouer les trouble-fêtes, on la musèle, soit en l’interdisant de satellite soit en éliminant physiquement ses correspondants.

Grossier leurre médiatique poussé jusqu’à la caricature est ce spectacle d’une foule vociférante, barbus à souhait, brandissant leur poing à la caméra, brûlant des drapeaux occidentaux; d’un Ben Laden fixant le téléspectateur occidental de son oeil injecté de sang, l’invective à la bouche et le doigt sur la gâchette; autant d’images stéréotypées, avidement recherchées par certaines télés dans le dessein évident de réveiller les peurs ancestrales et justifiant, par voie de conséquence, toutes les déprédations sanglantes commises par les troupes combattant au nom de «La liberté» dans les pays musulmans.

Aujourd’hui, il apparaît de façon évidente, que le «choc civilisationnel» dont il a été longtemps disserté, est mis en application en terre d’Islam.

L’agresseur crie au meurtre et les médias sont tous mobilisés dans cette campagne de mystification planétaire.

Que les fauteurs de guerre se rappellent que la puissance conjoncturelle n’est point à l’abri de la justice immanente.

La puissance de Pharaon ne l’empêcha pas de subir de Courroux Divin.

«Aujourd’hui, Nous sauvons ton corps pour que tu sois un signe (une leçon) pour ceux qui viendront après toi». Coran (Al Baquara)

Que ceux que le sort des Oppresseurs et des Injustes intéresse aillent visiter le Muséum du Caire, la momie de Ramsès II sera pour eux un grand sujet de méditation.

dimanche 18 mai 2008

17- Dimanche 18 mai 2008

Retour d'Algérie

samedi 3 mai 2008

16- Décès de la mère de Boualem SANSAL

Ain-Biya, commune de Béthioua (Arzew, ORAN)

Cybercafé du Camp 5, rue 4: 11 heures 30

J'apprends ce matin le décès de notre ami Boualem SANSAL. Qu'il reçoive ici mes condoléances les plus sincères.

Rectif ce jour 21 mai: Décès de LA MERE bien sûr.... mille excuses.
(merci Hemilepistus (http://algerbloghaus.blogspot.com/)

mardi 29 avril 2008

15- Le village...

http://www.tunisia-today.com/archives/47063

Avec «Le village de l’Allemand», l’écrivain algérien Boualem Sansal a remporté le grand prix RTL- Lire. Un ouvrage bien accueilli du côté des Français, boudé en Algérie !



Le prix RTL- Lire 2008 est venu à temps pour l’écrivain Boualem Sansal qui risque de perdre l’espoir après les critiques acerbes qu’a confronté son «Village de l’Allemand» depuis sa sortie. Acclamé par la presse française, rejeté par la presse algérienne, ce nouvel ouvrage de Boualem Sansal a ouvert mille et une polémiques. Publié chez Gallimard, «Le village de l’Allemand ou le journal des frères Schiller» a été sélectionné parmi toute une série qui comprenait «Beau rôle» de Nicolas Fargues, «La délégation norvégienne» de Hugo Boris, «Journal» de Hélène Berr et «Vie et mort d’Edith Stein» de Yann Moix. Dans «Le village de l’Allemand», Boualem Sansal raconte «l’histoire de deux frères d’origine algérienne, élevés dans une banlieue française par un oncle, qui vont découvrir le passé terrible de leur père. Officiellement ancien combattant du FLN, il était en réalité allemand, ancien officier SS réfugié en Algérie», lit-on dans le petit résumé de ce livre qui confirme de plus en plus le grand talent de Boualem Sansal qui est venu à l’écriture grâce à l’encouragement de son ami l’écrivain Rachid Mimouni. Ingénieur de son état qui a déjà à son compte un doctorat en économie, enseignant à l’université, chef d’entreprise et haut fonctionnaire, cet écrivain a publié son premier roman «Le serment des barbares» en 1999, chez Gallimard. Un livre qui a été bien salué par la critique mais qui a valu à son écrivain son poste de travail. Guidé par cet amour fougueux pour l’écriture, Boualem Sansal n’a pas baissé les bras et c’est avec «Harraga» son 4e roman que la reconnaissance a été rendez-vous.

Mais avec «Le village de l’Allemand», les choses sont encore floues du côté de son pays natal. «Je pensais que mon livre serait utile là-bas, qu’il ouvrirait le débat. Au lieu de quoi, je suis accusé d’être manipulé par les Occidentaux, d’apporter une caution internationale à Israël ou encore de relayer la propagande de Sarkozy qui reçoit Shimon Peres. Je me fais même traiter de fou…» a souligné cet écrivain algérien dans une interview accordée à la revue «Lire» suite à la cérémonie de remise du prix RTL- Lire 2008.



I.A.
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Les librairie Claire Fontaine organiseront deux rencontres en ce mois de Ramadan. La première se tiendra à la librairie Claire Fontaine-La Marsa, le mercredi 19 octobre 2005. L’auteur algérien Bouâlem Sansal présentera son dernier ouvrage «Harraga». La soirée débutera à 20h30. Le seconde, qui se déroulera à l’Espace Claire Fontaine à El Menzah VI, sera consacrée à Youssef Seddik, qui présentera «Nous n’avons jamais lu le Coran ». L’événement aura lieu le jeudi 20 octobre 2005 à 21h00.
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lundi 28 avril 2008

14- J'en ai assez de vivre comme un cafard- Sansal

http://www.lire.fr/chronique.asp/idC=52223/idR=142/idG=3
Tendance

Boualem Sansal, prix RTL-Lire 2008

par Delphine Peras
Lire, avril 2008


«J'en ai assez de vivre comme un cafard sous une pierre, d'être traîné dans la boue tous les jours»: voilà ce qu'il en coûte à l'écrivain algérien Boualem Sansal d'avoir écrit Le village de l'Allemand, roman sidérant qui établit un parallèle osé mais argumenté entre nazisme et islamisme. Acclamé par la presse française depuis sa sortie en janvier dernier (voir Lire n° 363), Le village de l'Allemand fait l'objet de toutes les vindictes en Algérie. «Les critiques dans la presse tournent à l'hystérie, certains éditorialistes ont signé plusieurs articles d'affilée pour me vouer aux gémonies», témoigne le romancier, de passage à Paris à l'occasion du Salon du livre, et surtout pour venir recevoir le prix RTL-Lire 2008. Il a été décerné haut la main à son livre à la fois si dérangeant et si magistral, récit à deux voix des frères Schiller: nés de mère algérienne et de père allemand, ils ont été élevés par un vieil oncle dans une cité de la banlieue parisienne, alors que leurs parents étaient restés dans le village d'Aïn Deb, près de Sétif. Mais ces derniers seront massacrés, ainsi qu'une partie de la population du bourg, par le GIA (Groupe islamiste armé) en 1994. Le fils aîné, Rachel (contraction de Rachid et Helmut), se rend alors sur place pour l'enterrement. Stupeur: il découvre que son père, cet Allemand si bien intégré à la communauté locale qu'il jouissait du titre prestigieux de moudjahid, était un ancien nazi. Rachel n'en dort plus, et finit par mettre fin à ses jours. C'est en lisant le journal de son frère que Malrich (pour Malek et Ulrich), le cadet, décide à son tour de faire toute la lumière sur ce passé familial si lourd à porter. Un passé qui renvoie directement aux démons de l'Algérie elle-même...

«Je pensais que mon livre serait utile là-bas, regrette Boualem Sansal, qu'il ouvrirait le débat. Au lieu de quoi, je suis accusé d'être manipulé par les Occidentaux, d'apporter une caution internationale à Israël ou encore de relayer la propagande de Sarkozy qui reçoit Shimon Peres. Je me fais même traiter de fou...» Il n'y a que la vérité qui fâche, reconnaît l'auteur de Poste restante: Alger. Lettre de colère et d'espoir à mes compatriotes (Gallimard, 2006), qui lui avait déjà valu l'anathème. A 59 ans, Boualem Sansal est justement sur le point de perdre espoir: «Si c'était à refaire, je ne sais pas si je referais Le village de l'Allemand...» C'est dire si le prix RTL-Lire arrive à point pour défendre un tel ouvrage, censuré en Algérie, et plus largement pour défendre cet écrivain de langue française, dont le talent n'a d'égal que le courage. L'homme est très touché par les manifestations de soutien que les Français, amis et anonymes, lui témoignent depuis plusieurs semaines. «Ce soutien est très émouvant pour moi. J'appréhende mon retour en Algérie et, désormais, je fais plus qu'envisager de revenir m'installer en France. Matériellement, ce n'est pas évident. Mais je pourrai toujours travailler comme nègre...» Est-il besoin de préciser que Boualem Sansal mérite bien mieux?

13- Poste restante: Alger, Lettre ouverte (archives)

http://bibliobs.nouvelobs.com/2006/06/15/sansal-censure

Lettre ouverte aux Algériens
Sansal censuré

Par Jérôme Garcin

Le pamphlet de Boualem Sansal, véritable ode à la démocratie et à la liberté de penser, est interdit en Algérie. CQFD
Rédigée à Boumerdès en janvier 2006, publiée le 16 mars chez Gallimard, cette «Lettre de colère et d'espoir» adressée par Boualem Sansal à ses compatriotes n'est jamais parvenue en Algérie. Photocopiée, scannée, recopiée, elle circule aujourd'hui sous le boisseau, mais elle est introuvable en librairie. On rappelle que, sous le régime de M. Bouteflika, l'importation de livres est soumise à un visa préalable délivré par le ministère de la Culture. Ce visa a été refusé au gérant d'Edif 2000, la société algérienne qui devait diffuser le libelle de Sansal au titre prémonitoire - «Poste restante: Alger».
Tant que Boualem Sansal écrivait des romans, fussent-ils corrosifs et subversifs, il pouvait être lu dans son pays. Car si la fiction déplaît, elle n'inquiète pas. On voit par là que les censeurs sont toujours de très mauvais lecteurs. Mais avec la parution, à Paris et en français (car il fait sienne la pensée de Kateb Yacine: «Le français est à nous, c'est un butin de guerre»), de ce bref essai dédié à la mémoire du président assassiné Mohamed Boudiaf, la disgrâce de Sansal est désormais consommée. Ingénieur de formation, docteur en économie, enseignant à l'université et puis haut fonctionnaire au ministère de l'Industrie, cet homme de 57 ans a été limogé en 2003 pour avoir proposé la suppression de l'enseignement religieux à l'école. Pour les islamistes radicaux proches de M. Bouteflika, l'homme est infréquentable et sa lettre ouverte, dangereuse. Elle n'exprime pourtant, dans une prose digne des Lumières, que la vérité. Pour les «dignitaires en chapeau» qui imposent leur ordre, elle est dure à entendre.
Que dit donc de si scandaleux Boualem Sansal? Que l'appropriation par le FLN de la guerre de libération relève du «hold-up du siècle». Que sévit en Algérie «une dictature policière, bureaucratique et bigote». Que le discours officiel est fondé sur des dogmes mensongers. Que le peuple algérien, à majorité berbère, n'est arabe qu'à 16%. Que l'islam est, par essence, miséricordieux, fraternel, pacifique. Qu'il convient de distinguer la religion de la citoyenneté. Qu'au lieu d'exiger de la France une repentance, mieux vaudrait considérer que la nation algérienne est née avec la colonisation comme la Gaule s'est soudée sous les coups de bélier de Jules César. Et que, si l'Algérie a «un goût de paradis», où se croisent l'Orient, l'Occident et l'Afrique, elle le doit au hammam des Romains, à la cuisine des Turcs, à la musique andalouse des juifs, à l'art équestre des Arabes, à l'amour de la littérature des Français...
Parfois, Sansal force le trait. C'est qu'il a lu Voltaire et Hugo. Il sait que le combat pour la liberté et la démocratie, contre le larbinisme et l'intégrisme, ne se fait pas sans hausser le ton. Il y ajoute parfois un humour désespéré et ravageur. Son livre est d'un humaniste en colère. Que M. Bouteflika le veuille ou non, le cachet de la poste fait foi: cette lettre ouverte ne se refermera pas.
Jérôme Garcin
«Poste restante: Alger. Lettre de colère et d'espoir à mes compatriotes», par Boualem Sansal, Gallimard, 60 p., 5,50 euros.

vendredi 25 avril 2008

12- Prix Edouard Glissant 2007 à Boualem SANSAL





Créé en 2002 à l’Université Paris 8, grâce au concours de l’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF) et de RFO, le Prix Edouard Glissant tient à honorer une œuvre littéraire marquante de notre temps. Animé par les valeurs poétiques et politiques de la personnalité qui le parraine – la pensée du Divers, le métissage et toutes les formes d’émancipation –, le Prix Edouard Glissant est aussi l’occasion de réfléchir aux interactions linguistiques et culturelles dans une Université accueillant des étudiants du monde entier et profitant de ce partage des identités et des savoirs.

Le Prix est attribué chaque année par un comité scientifique. Il est remis officiellement au

lauréat lors d’une journée organisée autour de son œuvre. Le même comité attribue à un(e) étudiant(e) en doctorat à l’Université Paris 8 une bourse de 5000 euros pour soutenir une recherche dans n’importe quel domaine mais qui corresponde à l’esprit du Prix (relations Nord-Sud, raison post-coloniale, diversité culturelle, pluralité des expériences de pensée…).

Composé de membres de l’assemblée universitaire, du Président de l’Université, du Recteur

de l’Agence Universitaire de la Francophonie, du Président de RFO, du Directeur de la Maison

de l’Amérique Latine et de personnalités du monde littéraire, le comité scientifique est régulièrement renouvelé.

Edouard Glissant est l’auteur d’une œuvre considérable (poésie, romans, essais), internationalement lue et reconnue. Renouvelant la langue et les genres, il fait de la relation et du divers les maîtres mots de sa poétique. Parmi ses textes: La Lézarde (1958), La Case du commandeur (1981), Poétique de la relation (1990), Traité du Tout-Monde (1997), Sartorius: le roman des Batoutos (1999)…

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C'était le: 22 juin 2007 à l'Université PARIS 8

Prix et Bourse Edouard Glissant

Université Paris8, le 22 juin 2007
Boualem Sansal
en présence d’Edouard Glissant
Université Paris 8, Amphithéâtre D001

10h00
Accueil
Rencontre avec les lauréats du Prix et de la bourse: Boualem Sansal, écrivain,
et Yann Vigile Hoareau, doctorant en psychologie cognitive à l’Université
Paris 8
Maison de l’Amérique Latine

15h00
Allocutions de Pascal Binczak, Président de l’Université Paris 8, Michèle
Gendreau-Massaloux, Recteur de l’Agence Universitaire de la Francophonie,
Luc Laventure, Réseau France Outre mer, François Vitrani, Directeur de la
Maison de l’Amérique Latine

15h30
Conférence de Yann Vigile Hoareau
«Diversités culturelles ou cognition du Tout-monde»

16h15
Table ronde autour de Boualem Sansal avec:
Zineb Ali-Benali, professeur de linguistique à l’Université Paris 8
Zahia Rahmani, écrivain
Tiphaine Samoyault, professeur de littérature comparée à l’Université Paris 8

Cocktail à 18h00
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mardi 22 avril 2008

11- Le prix RTL-Lire à Boualem SANSAL



________Le Prix RTL-Lire 2008 à B. Sansal ____________________________________



________Le Prix RTL-Lire 2008 à B. Sansal ____________________________________

10- Sansal au Salon du livre de Paris Mars 2008

______Boualem SANSAL au Salon du livre de Paris en mars 2008________




______Boualem SANSAL au Salon du livre de Paris en mars 2008________


09- Boualem SANSAL au Salon du livre de Paris en mars 2008

Boualem SANSAL au Salon du livre de Paris en mars 2008__

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8- Le village de l’Allemand (suite)

www.indigenes-republique.org/"Le village de l’Allemand" ou la recette du best-seller décomplexéPar Ahmed Selmane
lundi 21 avril 2008par Didine
Paru dans lematindz.net

Chronique Les faussaires et le débat, par Mohamed Bouhamidi le 21 Avril, 2008
En introduisant son dossier, paru dans la dernière livraison du quotidien Algérie News, sur le Village de l’Allemand, le dernier livre de Boualem Sansal, Arezki Louni, signant l’édito du dossier « Sansal » et indiquant ainsi clairement que le journal prenait position, annonce l’existence d’une polémique qu’il qualifie aussitôt de cabale dont il monte immédiatement le procès en procureur informé et soucieux des pièces à conviction. Fort bien, examinons le corps du délit.
Avant ce dossier, nous ne pouvions noter dans la presse nationale que quatre réactions critiques, quatre seulement et certainement pas coordonnées. R. Lourdjane signe la première dans le quotidien El Watan en réaction aux interviews de Boualem Sansal affirmant la véracité et la réalité d’un village de l’Allemand et de l’absence totale de la question de la Shoah dans la télévision algérienne. R. Lourdjane indique que Sansal ment sur les deux points. Le seul village de l’Allemand que connaît R. Lourdjane est en fait un « village des Allemands » créé avec la guerre, dans la région de Tiaret pour accueillir les Alsaciens-Lorrains après la guerre franco-allemande de 1871. Ensuite la télévision algérienne a bien diffusé une série sur la Shoah réalisée par notre poète N. Abba. Il ne dit pas plus que, dans son interview, Sansal a menti sur deux affirmations précises et vérifiables. J’ai signé la deuxième réaction, car Sansal situant le Village de l’Allemand dans la région de Sétif, j’ai indiqué que ce village, plutôt un lieu-dit, existait réellement mais qu’il a été construit, avec et autour d’un moulin, par Henry Dunant, le futur créateur de la Croix-Rouge pour accueillir des colons suisses du canton de Vaux dans une concession accordée à une grande banque suisse. Non seulement Sansal ment sur ce point précis qu’il avance comme point de départ réel de son roman mais il commet en plus un crime contre la mémoire de… et confond allégrement Croix-Rouge et croix gammée. La troisième réaction vient de Omar Mokhtar Chaalal, parue dans le quotidien Horizons, qui parle de ce lieu-dit en racontant sa véritable histoire et rajoute que, n’étant pas une commune, ce hameau n’a jamais eu de maire ni français, ni algérien ni allemand, outre que jamais n’y a vécu un étranger après l’indépendance. Et Boualem Sansal est catégorique sur la véracité de ce qu’il prétend mettre à l’origine de son roman. Je le cite : « Je suis ainsi, j’ai besoin de m’appuyer sur une histoire vraie pour écrire. Dans une fiction pure, je me sentirais comme un acrobate qui travaille sans filet, j’aurais trop peur de divaguer. Dans le Village de l’Allemand, je suis parti d’une histoire vraie, celle d’un officier SS qui, après la chute du 3ème Reich, est parti se réfugier en Egypte et, plus tard, est venu finir sa vie en Algérie, après s’être battu pour son indépendance… On m’expliqua que ce village était ‘‘gouverné’’ par un Allemand, ancien officier SS, ancien moudjahid, naturalisé algérien et converti à l’islam. Dans la région, on le regardait comme un héros, un saint homme. J’ai senti chez mes interlocuteurs une réelle admiration à l’évocation de son passé nazi, ce qui n’était pas pour me surprendre : la geste hitlérienne a toujours eu ses sympathisants en Algérie… » Et cela marche. Dans le dossier, Samira Negrouche, qui n’a pas lu le livre, déclare : « Il s’agit d’un roman inspiré d’une histoire vraie. » Répliquer que, vérification faite, il s’avère que cette histoire est construite et totalement mensongère relève de la cabale. Mais avons-nous le droit de porter un regard critique sur les déclarations de B. Sansal ?
C’est bien la première question à laquelle doivent répondre Arezki Louni, Bachir Mefti, Samira Negrouche et Christiane Chaulet Achour dont on ne sait pas très bien si elle a fait une déclaration d’ordre général ou si elle faisait référence à ces trois articles sur la véracité des affirmations de Sansal.
Jusque-là, rien de concret ne vient étayer l’acte d’accusation et le corps du délit est introuvable : pas d’anathèmes à l’endroit du livre, aucun appel à l’interdiction ni à l’autodafé, aucune stigmatisation. Bien au contraire puisque l’une de ces réactions souhaitait que le livre soit disponible en Algérie pour que les lecteurs s’en fassent une idée par eux-mêmes, loin de toute velléité de tutelle de l’administration. Reste la quatrième réaction parue dans la Tribune sous la forme d’une lecture que j’ai faite du roman de Sansal. Comme je n’ai lu aucune autre note sur le livre dans la presse nationale, le dossier d’Algérie News ment aussi sur ce plan-là. La seule note consacrée à ce livre a bien été faite après lecture. A moins de considérer cette lecture comme nulle pour insuffisance de formation critique, l’équipe qui a présenté le dossier ment aussi sur ce point- là. Mais puisque la cabale n’existait pas, le dossier l’invente en ouvrant, pour le besoin, des fenêtres à des regards critiques. Le corps du délit n’existant pas, le procureur le crée de toutes pièces à l’instant du procès mais en usant de deux subterfuges et d’une vilenie.
Le premier subterfuge est d’accorder la parole à des personnalités comme Rachid Boudjedra, Amine Zaoui, Ahmed Selmane en les stigmatisant dans l’éditorial par leur marquage en tant qu’acteurs de la cabale qui n’a pas eu lieu, répétons-le. Le deuxième subterfuge consiste à rajouter du sens à leurs textes en les insérant dans un montage. Pris chacun à part, ces textes disent un point de vue ; mis dans un ensemble, on leur fait dire un autre point de vue. Louni écrit : « Au moment où les uns saluent le courage de l’écrivain, celui d’exprimer une vision qui reste du domaine de la fiction et de la création littéraire, d’autres versent dans l’injure et la diffamation. Certains n’ont d’ailleurs même pas pris la peine de lire l’ouvrage controversé pour l’apprécier à sa juste valeur. Ils ont, au contraire, agi par esprit revanchard. Les termes utilisés pour qualifier l’œuvre de Sansal cachent mal la haine viscérale de leurs auteurs contre tout ce qui incarne une vision diamétralement opposée à la leur. Ils n’hésitent pas à adopter les raccourcis pour accabler ceux qui sont parvenus à se faire une place sur la scène littéraire mondiale. La réaction de l’un d’eux, qui n’en est pas à son premier impair, même à l’encontre de défunts, est révélatrice de cette réalité. » Il parle évidemment de Tahar Ouettar auquel personne n’a pardonné ni n’est prêt à pardonner l’ignominie de ses déclarations sur Tahar Djaout. Mais alors pourquoi le convoquer dans ce procès ? Mais il fallait bien ce repoussoir pour marquer les regards critiques de ce voisinage imposé par le procureur et tout aussi inventé que le reste. La vilenie rajoute au dossier son air de procès fabriqué pour atteindre un ailleurs qui n’est pas dit explicitement.
Le relativisme idéologique
Tenons-nous en aux principaux indices de cet ailleurs. Le premier d’entre eux est que cette affirmation proclamée de donner la parole à tous pour qu’ait lieu le débat sans la stigmatisation est inconsistante. Tous ceux qui n’ont pas lu ce livre ou même qui l’ont lu sont tenus de respecter la liberté de création. C’est bien la première fois que d’un point de vue philosophique la liberté de création s’accompagne de la mort de la liberté de critique. Parce que c’est une œuvre de pure fiction, alors taisez-vous ! Toute atteinte à l’œuvre devient une atteinte à la liberté. Il ne nous reste plus qu’à nous mettre au garde-à-vous idéologique. Mais cela n’est pas suffisant dans la panoplie des arguments, Maougal en rajoute un autre de toute beauté : cette œuvre n’est pas à mettre entre toutes les mains. C’est tout à fait novateur ! C’est bien la première fois, aussi, qu’on proclame que les œuvres littéraires doivent être protégées du public et que le peuple des lecteurs n’est pas globalement mature pour aborder ce livre hors du commun ! Il ne nous manquait plus que les imams de la lecture, des directeurs de conscience, des exégètes qualifiés pour nous, peuple immature et enfoncé dans des lectures « idéologiques ». Maougal nous invite, en sorte, à une lecture « censitaire », celle des mandarins, un remake du premier collège des lecteurs. Christiane Chaulet Achour ne dit pas autre chose, peut-être à son corps défendant, dans le sens que donne le montage de ce dossier à son intervention. Nos lectures sont « idéologiques ». Ne connaissant pas encore les validations épistémologiques d’une lecture scientifique des œuvres d’art et de la littérature, il me semble difficile de faire autre chose que des lectures marquées par l’idéologie et, à un degré supérieur, des lectures armées par des grilles empruntées aux sciences sociales.
Aussi, je préfère m’en tenir à ces lectures idéologiques étayées par ce que je sais des sciences humaines. Mais lecture idéologique quand même, affirmée et assumée. Et c’est bien le deuxième indice de cet ailleurs vers lequel on nous entraîne : par un tour de passe, la « lecture idéologique » ou « non objective », comme le regrette un autre intervenant, soustrait le roman à l’idéologie. Comment en arrive-t-on à nous culpabiliser d’avoir une lecture idéologique d’une œuvre par essence idéologique ? Par ce tour de passe-passe qui fait passer le roman de l’ordre de la représentation à l’ordre du droit. Le roman ne se construit plus sur une vision du monde, sur son interprétation, sur sa représentation, sur l’instance émotionnelle mais sur une catégorie juridique : la liberté et le droit à l’expression. Il n’appartient plus au monde de la vérité mais au monde du formel juridique. Il n’appartient plus au monde et, par conséquent, ne participe plus aux luttes de ce monde. C’est bien ce que l’on veut nous faire croire. Exit Marx ou Gramsci pour la lecture autour des enjeux sociaux ; exit Freud pour la lecture autour des enjeux psychiques. Nous sommes en pleine mythologie. Ce texte devient un texte parmi d’autres, sans sens ni direction particulière, sans prise de parti dans les luttes des hommes et n’a rien à voir avec la multiplication des visées néo-coloniales qui veulent nous faire passer le 1er Novembre pour une erreur historique, une atteinte au rêve d’une Algérie multiraciale et multiculturelle qui nous aurait sauvés des griffes de l’islamisme et de son terrorisme.
Le dossier nous invite au relativisme. Il n’existe plus d’enjeux. Nous allons remiser au placard nos vieilleries idéologiques qui nous ont fait croire au passage, à l’intérieur de la littérature, des conflits, des visions, des espérances des hommes. Nous classerons désormais M. Darwish, G. Amado, G.G. Marquez, L. Aragon dans une malle au fin fond du grenier et nous nous convertirons au relativisme. Mais ce n’est pas que ce seul enjeu. Le dossier nous glisse en contrebande, comme avérées, deux thèses : l’islamisme est un fascisme et il trouvait sa source dans l’idéologie de la guerre de libération. Il nous faudrait un peu plus que les affirmations de Sansal et de Louni pour classer l’islamisme dans la case « fasciste », le vert étant le fils du gris et pour ce premier argument que nous ne voyons pas où se trouve ce grand capital dans notre pays qui aurait poussé à la création de ce fascisme dans une réaction de peur face aux risques de prise de pouvoir par la classe ouvrière. Il nous en faudrait un peu plus pour oublier le rôle de l’impérialisme anglais et américain dans sa création, sa manipulation et son utilisation. Même si l’élucidation scientifique de l’islamisme n’est pas achevée.
Etrange dossier qui invente une polémique et une cabale et qui, pour se légitimer, les convoque le jour même du procès. Etrange dossier qui reprend les procédés de l’auteur qu’il tient à défendre. Etrange dossier qui nous invite à nous taire et à faire place à la divine parole d’un créateur. L’enjeu doit être bien important pour qu’on nous somme de nous taire sous mille et une argumentations et surtout qu’on esquive les seules questions qui aient été posées avant ce dossier : avons-nous le droit, oui ou non, de critiquer n’importe quelle œuvre littéraire ou artistique et ces œuvres appartiennent-elles à l’instance de représentation du monde réel et sont-elles donc une partie des enjeux de ce monde ? Ce dossier avait, cependant, un objectif plus immédiat : disqualifier toute la défense du mythe fondateur de notre Etat-nation, la guerre de libération et le 1er Novembre. Leur ôter tout ce caractère sacré qui fait qu’au-delà de nos divergences, de nos luttes internes, des affrontements, en tant qu’Algériens, nous défendons notre lignée symbolique, notre appartenance commune à l’Algérie dont nous plaçons la naissance dans le 1er Novembre. Il faudra aussi compter sur le poids de nos mythes agissants avant d’espérer mener un débat à sens unique avec ou sans le soutien discret des appareils idéologiques de l’Etat français et de ses démembrements locaux.
M. B

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Une nouvelle critique

« Le village de l’Allemand » de Boualem Sansal

jeudi 17 avril 2008, par Françoise Cassin-G

Saluons le courage de l’Algérien Boualem Sansal qui, dans son cinquième roman : « Le village de l’Allemand », établit un parallèle osé et argumenté entre Nazisme et Islamisme.

Le roman s’ouvre sur le suicide de Rachel (pour Rachid et Helmut), jeune ingénieur marié à Ophélie qui vient de le quitter. Rachel est naturalisé français, né en Algérie d’un père allemand et d’une mère algérienne. Il a été élevé en France par un vieil oncle émigré dans une cité de la banlieue parisienne. Deux ans auparavant, il a appris la mort de ses parents massacrés ainsi que tout le village par le G.I.A. Il a enquêté sur le passé et découvert que Hans Schiller était un ancien officier S.S., un bourreau nazi recruté à la fin de la guerre par l’Algérie et formateur de l’élite militaire du pays. Pendant deux ans, Rachel a suivi les traces de son père, en Allemagne, en Turquie, en Egypte, en Algérie, à Auschwitz enfin et nous livre dans son journal son terrible apprentissage de la Shoah. Confronté aux horreurs de ce passé qu’il ignorait, Rachel plonge dans les remords et le désespoir, face à cette question vieille comme le monde : « Le fils est-il responsable des crimes du père ? Doit-il payer pour lui ? » Après son suicide, son frère Malrich (contraction de Malek et Ulrich) lit le journal et découvre à son tour la cruelle vérité : pour l’épargner, son frère lui avait même caché la mort de ses parents. A son tour Malrich écrit le journal de sa vie.

Dans une construction narrative originale, le lecteur se trouve confronté à ce récit à deux voix des frères Schiller, avec une alternance de tons remarquable : Malrich en effet vit toujours dans sa cité, il n’a pas fait d’études et traîne sa révolte avec sa bande de copains : « Rachel, je le voyais peu, il avait sa vie, j’avais la mienne. Il était cadre dans une grosse boîte américaine, ses heures étaient minutées, moi je ramais H24 avec les sinistrés de la cité ». Mais quand Malrich se met à écrire, il atteint le même niveau de conscience, la révolte remplace le désespoir : lui ne veut pas se sacrifier ni payer pour les crimes paternels mais agir. Le passé ne l’obsède pas mais le présent. Il porte un regard lucide sur la banlieue selon lui dans un abandon croissant de la République et livré au fanatisme des islamistes.

Dans cet étrange récit basé sur une histoire authentique, Boualem Sansal dénonce tous les fanatismes. Il a voulu raconter la Shoah au public arabe qui selon lui ignore cet épisode de l’histoire ; « L’Algérie est fermée comme un coffre et le mobile est le même : plus les gens sont pauvres, racistes et plein de colère, plus facilement on les dirige. » Mais le passé et le présent se rejoignent, « ce sont des histoires d’hier mais, en même temps, la vie c’est toujours pareil et donc ce drame unique peut se reproduire. »

Boualem Sansal se demande s’il pourra continuer à vivre en Algérie. Il n’a pas réussi à informer ceux de son pays, où son œuvre est interdite et provoque des réactions violentes , mais la France peut saluer un écrivain original qui utilise brillamment la langue française et analyse l’histoire avec hardiesse et brio.

Le Village de L’Allemand aux éditions Gallimard Prix éditeur : 20 euros Nombre de pages : 263 pages ’Le Village de l’Allemand’ a reçu le Grand Prix RTL-Lire 2008.


http://lecourant.info/spip.php?article1086

Françoise Cassin-G

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Boualem Sansal - Le village de l'allemand (1)


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Boualem Sansal - Le village de l'allemand (2)

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Les Indigènes de la République, février 2008:

On se souvient que pour Kateb Yacine « la langue française a été et reste un butin de guerre ». Il semblerait que, pour certains, un présent supplémentaire, sous la forme d’un cadeau empoisonné, fasse partie du voyage, tout à la fois comme produit de contrebande et comme passager clandestin. Ce cheval de Troie, c’est le « désir mimétique » d’être blanc.

Car ici, comme pour la féminité, il n’est nul déterminisme biologique, on ne naît pas blanc, on le devient, si les autres Blancs vous le concèdent toutefois… On le sait ce désir imitateur, de manière latente, s’est longtemps tapi sous le discours tournant autour de la « francophonie ». On peut voir aujourd’hui qu’il s’affiche sans retenue dans les média mainstram. Si on ne craignait de faire de la publicité à l’Arabe utile du PAF, idiot de l’année, peut être bien de la décennie !, on baptiserait bien ce trouble de « complexe du Meddeb » ou plus trivialement de Meddeberie. On peut trouver l’ensemble des symptômes de ce complexe dans un livre récent. Ce livre, écrit par Boualem Sansal, pourfendeur de tabou de son état, s’intitule « Le Village de l’Allemand ».

Ainsi Boualem, nouvel Atlas du Maghreb, voudrait lui aussi partager le fardeau de l’homme blanc. C’est-à-dire d’un même mouvement être l’opérateur de la mission civilisatrice de l’occident et goûter aux joies troubles de la culpabilité judéo-chrétienne. Et quel thème, pour un héros d’une telle étoffe, est plus porteur de conscience malheureuse que la Shoah ? Le malheur, car le tragique accompagne toujours le héros, est que cela ne concerne aucunement les aires géographiques et culturelles d’où notre contempteur « des injustices, des mensonges, des diktats de toutes natures » est issu. Il n’est pas un juif d’Algérie, devenus Français depuis le décret Crémieux, qui n’ait été déporté à Auschwitz ou à Dachau ! Qu’à cela ne tienne, notre Schindler de Bab El Oued, notre « Juste » d’un douar de Boumerdès invente et affabule à toute berzingue. Et il n’est aucun Sancho Pança pour le réfréner…

Mais ces affabulations, tout à l’inverse du « mentir-vrai » cher à Aragon, s’avère être de vrais mensonges éhontés, soit la marque de fabrique de tous les idéologues à gage, restant fidèle en cela au principe élémentaire de la propagande depuis Goebbels, plus c’est gros plus ça passe … Voilà pour le fond. Pour la forme c’est pire, à ce gros bobard, l’expression consacrée « si ce n’est vrai, c’est bien trouvé », n’est pas plus de mise, tellement le procédé littéraire employé est défraîchi. Il consiste en l’emploi de la figure du double, ici en l’espèce les frères Schiller, le malheur est que notre tâcheron littéraire, ce prenant pour un Goliath, n’est ni Poe ni Borges, pourtant tant qu’à devenir blanc, il eut été judicieux de devenir un Blanc de talent…

Ici, l’usage du double relève bien plus des troubles identitaires, existentiels de l’auteur – notamment de cette souffrance que provoque l’inconvénient d’être né non-blanc - que de la révélation d’une vérité occultée. Intéressons-nous plus précisément au trouble du Zarathoustra de Boumerdès. « L’humanité, écrivait Schopenhauer, tel un pendule, oscille entre deux maux la douleur et l’ennui ». Si pour le peuple palestiniens et les quartiers populaires d’Algérie, par exemple, il s’agit bien de douleur, pour Boualem Sansal, universitaire et haut fonctionnaire, ne lui en déplaise, c’est bien d’ennui qu’il s’agit… Cette vacuité, ce spleen de l’establishment dont il est issu, qu’il camoufle en pensée contre soi-même, avec la posture de l’héroïsme comme plus value pour salon littéraire, ne trompe personne sinon lui et ses commanditaires…

Car comme on sait, il n’est pas de vérité absolue, il n’est de vérité que située. Aussi doit-on envisager le contexte dans laquelle cette grande oeuvre apparaît. Et cela n’a rien d’un hasard. Le voici. Une Europe, où il est fait un usage immodéré du qualificatif nazi, et de son champ lexical ; ensemble de termes qu’on accole à tout ce qui concerne les choses de l’islam. « Nazislamiste », « fascisme vert », « le nouveau totalitarisme »… Cette Europe où l’on a de cesse nous expliquer que le monde musulman, et ses excroissances fantasmatiques en Europe, est le lieu d’où nous vient « la nouvelle judéophobie », comme il a été le lieu où les véritables atrocités de la traite négrière ont pris leur source et demain, sans doute, l’on nous expliquera savamment qu’ Hiroshima a été conçu dans le cerveau enfiévré d’un musulman américain. Ou que l’uranium qui a permis « Little Boy » était islamique. Ne riez pas, vous verrez…Il est désormais des populations et des parties du monde que, dans une volonté de division des tâches, on spécialise définitivement dans la barbarie et l’inhumanité dans toute ses formes. Elles en ont le monopole. Le dispensateur de rôle, comme il se doit, est occidental et s’arroge la part de choix, celui de surmoi et de la bonne conscience de la planète. Et pour ce faire, il a un besoin absolu d’une légion de chroniqueurs bronzés, crédibilité oblige, dont la possession de talent est accessoire, qui se croient blancs et éclairés et qui savent affabuler utilement, cette légion a pour boy scout Boualem Sansal …

Cette conscience clivée instillée dans l’ancien colonisé, dont Boualem est l’incarnation, c’est le « butin de guerre » des anciens colons !

Le Bougnoulosophe
Samedi 9 février 2008
http://www.indigenes-republique.org/spip.php?article1244
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http://www.maisondesjournalistes.org/lire_village_allemand.php

"Le Village de l’Allemand", de Boualem Sansal
Sur les traces de la barbarie humaine

Par Youcef Zirem

Pour son cinquième roman, l’écrivain algérien Boualem Sansal revient sur des moments douloureux du siècle dernier. Le lecteur est invité à se balader, d’un pays à un autre, sans que la barbarie humaine ne soit différente.

" Le Village de l’Allemand ou le journal des frères Schiller" peut paraître pour certains comme une histoire complètement invraisemblable ; pour d’autres, elle ne peut être que réelle et presque commune tant l’homme se montre souvent un bourreau pour son prochain, presque sous toutes les latitudes et à travers toutes les époques. Le style de Boualem Sansal est captivant, truculent, avec de longues phrases parsemées de points-virgules. A ce style parfois déroutant manque juste un peu de poésie ; peut-être que la formation scientifique de l’auteur fait qu’il ne se perd pas trop dans les métaphores heureuses, dans les profondeurs harmonieuses des mots bien ciselés qui font respirer le texte.

"Le Village de l’Allemand" est construit autour des journaux intimes de deux frères, Rachel et Malrich. Tous deux ont vécu en banlieue parisienne mais n’ont pas eu la même "réussite" sociale. Tous deux sont nés en Algérie, d'une mère berbère et d’un père d’origine allemande. Ancien nazi, le père a fait la guerre de libération du FLN et a continué sa vie dans un petit bled perdu du pays de Saint Augustin jusqu’à ce qu’il soit égorgé par les islamistes en 1994. Rachel va finir par se suicider quand il découvre le passé de son géniteur. Auparavant, il part sur les traces de son père, d’un coin à un autre de cette terre dont la misère humaine ne veut guère se séparer. Rachel est déstabilisé par tant de cruauté ; il est anéanti par cette injustice infinie qu’est la Shoah. Malrich n’a pas le niveau intellectuel de son frère mais il fera l’effort de comprendre le parcours et le geste de son aîné.

Dans "le Village de l’Allemand", Boualem Sansal assimile l’islamisme au nazisme, mais là, on sent que l’écrivain manque d’arguments pour comparer deux phénomènes différents même si tous les deux ne rehaussent pas la dignité humaine. Mais les propos excessifs de certains écrivains les font connaître encore plus. Boualem Sansal avait déjà employé, avec succès, une telle méthode dans son premier livre, "le Serment des barbares", en faisant, d’une certaine façon, l’éloge de la période coloniale en Algérie.

"Le Village de l’Allemand ou le Journal des frères Schiller"
de Boualem Sansal
éditions Gallimard
2008
264 pages
17 euros

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http://www.lalibre.be/culture/livres/article/407281/ne-pas-avoir-de-tabous.html

Prix littéraire - entretien

"Ne pas avoir de tabous"
robert verdussen
Mis en ligne le 10/03/2008
Boualem Sansal est le lauréat du prix Nessim Habif. Il est l'auteur de "Le village de l'Allemand ou le journal des frères Schiller" (Gallimard)
rencontre
Depuis votre premier roman paru il y a neuf ans, votre oeuvre est un immense cri de colère, Boualem Sansal. C'est quoi, pour vous, la colère ? Une manière de convaincre ?
Je ne parlerais pas de colère mais plutôt d'indignation. La colère renvoie à une réaction immédiate presque physique. L'indignation a une résonance plus intellectuelle et mentale. Face à la violence qui s'étend et contre laquelle nous ne faisons rien, l'indignation n'est pas là pour convaincre. Elle n'est pas liée aux autres. C'est une réaction personnelle. Je m'indigne de ce que je vois et je le dis. Ce qu'on en fait n'est pas mon affaire.
En Algérie comme dans d'autres pays, les romanciers ne sont-ils pas les derniers véritables contestataires, ceux qui osent bousculer les tabous ? Je pense dans votre dernier roman au tabou de l'islamisme et à celui de la Shoah ?
Vis-à-vis de soi-même, il ne faut pas avoir de tabous. En Algérie, la Shoah a toujours été un tabou dans les mentalités, dans la propagande. Elle est niée ou alors considérée comme exploitée par les Israéliens. Mais comment ne pas en parler ?
Votre dernier roman, dans lequel vous tracez un parallèle audacieux entre le nazisme et l'islamisme, est interdit en Algérie. Est-ce la preuve que vous avez exagéré ou, au contraire, que vous avez raison ?
Je pense que j'ai raison parce que j'ai vu évoluer l'islamisme dans mon pays. J'ai vu comment il a endoctriné des millions de gens. Nous sommes treize millions d'Algériens. Selon des études universitaires, la moitié de la population a versé dans l'islamisme. Certains dans l'islamisme armé, d'autres dans le soutien idéologique ou matériel. C'est un fascisme terrifiant qui fonctionne sur la mécanique du nazisme : l'embrigadement des jeunes à travers la mosquée, les écoles, les grands rassemblements quotidiens, la vénération du chef.
Vous étendez votre diagnostic aux banlieues françaises. Est-ce aussi grave ?
Dans les banlieues, c'est comme en Algérie. C'est l'Afghanistan, les talibans. Tout est organisé, hiérarchisé, avec des cotisations, des obligations de vivre et de s'habiller d'une certaine manière. Les gens sont pris en main jusque dans leur vie intime. Et les gens sont consentants même si, comme tous les fascismes, ce radicalisme exalte la partie noire d'eux-mêmes. Mais ils n'ont pas le choix. L'Etat a failli, les familles ont failli d'abord. Il faudrait reprendre l'éducation à zéro, ce qui prendrait beaucoup de temps. Dans l'immédiat, il n'y a pas d'alternative : on se convertit au radicalisme ou on est menacé de mort. Dans les années quatre-vingt-dix, chaque matin, les routes algériennes étaient bordées de nouveaux cadavres. C'était un terrorisme quotidien.
Vous reprochez à l'Occident de n'en faire pas assez contre cet islamisme. Que peut-il faire ?
D'abord, il devrait réprimer les meneurs, les imams, tous ceux qui organisent le recrutement des islamistes. Ensuite, il devrait aider les pays menacés à accéder à un minimum de démocratie. Mais aujourd'hui, au nom de la realpolitik, on soutient des régimes qui sont pratiquement islamiques.
Vous persistez à vivre en Algérie, malgré les menaces. Vous n'avez pas peur ?
C'est une question de crédibilité. Pour parler de l'Algérie, il faut y vivre. Et y écrire.
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http://www.histoire.presse.fr/content/livre-du-mois/article?id=7480

Le Village de l'Allemand, ou Le Journal des frères Schiller

Par Boualem Sansal, Gallimard, 2008, 236 p., 17 euros.

Un roman qui montre les liens entre islamistes, nationalistes algériens et idéologie nazie.

Dans son journal intime, le narrateur du livre de Boualem Sansal écrit : « Enquêter sur les guerres passées est une galère, ça ne mène pas loin. Des impasses, des chemins qui se perdent dans le noir, des cloaques qui suppurent dans la brume, de la poussière qui s’élève en rideau de fumée à mesure qu’on tâtonne dans le vide. Je me rends compte de la difficulté de ceux qui sont chargés d’enquêter sur les crimes de guerre enfouis dans le silence, l’oubli et la connivence. C’est mission impossible, la vérité est perdue dans l’herbe folle… »
Et pourtant il poursuivra, et découvrira la terrible vérité. Son père, considéré comme un héros, un « moudjahid » de la guerre d’indépendance algérienne, a commis des atrocités pendant la Seconde Guerre mondiale : chimiste, il a peut-être été impliqué dans les débats que le projet de gazer les déportés ont soulevés parmi les dignitaires du Reich ; sur son livret militaire figurent les lieux où il a été affecté, Frankfurt, Linz, Grossrosen, Salzburg, Dachau, Mathausen, Rocroi, Paris, Auschwitz, Buchenwald, Gand… « J’ai lu quelque part qu’au plus haut niveau de perfectionnement du système, le seul camp d’Auschwitz brûlait jusqu’à quinze mille âmes par jour. On imagine le train d’enfer que c’était. Papa y a passé un temps, il a dû drôlement peiner. » De ce père allemand, il ne connaissait rien vraiment, ayant été élevé en France par un oncle immigré, dans une cité de la banlieue parisienne.
Après l’assassinat par les islamistes en 1994, dans un village près de Sétif, de son père et de sa mère, la terrible vérité éclatera… « Mon père a choisi sa voie et chaque fois que la vie lui a offert une alternative il a confirmé ce choix. Il n’a pas tué une personne, il en a tué deux, puis cent, puis des milliers, et des dizaines de milliers, et il aurait pu en tuer des millions. Il était dans la haine et la servitude et ces trous dans la tête n’ont pas de fond. »
Le livre de Boualem Sansal, véritable événement littéraire de la rentrée, est un récit grave et profond sur la Shoah vue par les yeux d’un jeune Arabe découvrant la réalité de l’extermination de masse, et la guerre civile algérienne, le combat des années 1990 qui a fait près de 150 000 morts en Algérie. Il brise un tabou, celui du lien, de la connivence entre islamistes, nationalistes et l’idéologie du national-socialisme. Ce roman est une fiction ; il s’inspire néanmoins d’un fait réel.
Bien sûr, l’engagement des Algériens dans le nationalisme indépendantiste ne saurait se réduire à ce parcours individuel, et l’attitude du leader Messali Hadj refusant toute offre de collaboration avec le régime de Vichy et les Allemands montre que beaucoup ont refusé d’aller sur cette voie. Mais le beau livre de Boualem Sansal a le mérite essentiel d’affronter cette réalité. Et, encore une fois, par le biais de la fiction, un grand écrivain a su devancer, ouvrir la voie pour les travaux d’historiens…
Benjamin Stora
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http://www.lesoir.be/culture/livres/boualem-sansal-grand-prix-de-la-francophonie-2008-03-10-583173.shtml

Boualem Sansal, Grand Prix de la francophonie

Rédaction en ligne

lundi 10 mars 2008, 12:57

Outre Francis Dannemark, qui a reçu le premier Prix Bernheim pour son roman Le grand jardin, dont nous vous avons parlé samedi, l'Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique a honoré sept autres auteurs. Et d'abord Boualem Sansal, l'écrivain algérien, qui reçoit le Prix Nessim Habif, le Grand Prix de la francophonie, pour Le village de l'Allemand. Ce roman est « le sommet de l'art de cet écrivain qui approche de la soixantaine, à qui ses écrits ont valu de perdre son statut de fonctionnaire, et qui dès lors se consacre pleinement à ses livres, commente l'Académie. Il est parti d'un fait réel pour élaborer une fiction d'une rare ampleur. » En 2006, le prix avait été attribué à Jorge Semprun.

Les autres prix. Prix Gaston et Mariette Heux : René Lambert pour son roman Sur des prés d'herbe fraîche. Prix Lucien Malpertuis : l'essayiste Jacques Delwitte pour Le pouvoir de la langue et la liberté de l'esprit. Essai sur la résistance au langage totalitaire. Prix triennal Georges Vaxelaire, pour une œuvre théâtrale diffusée en Belgique : Sophie Landresse pour Une sœur de trop, créée aux Riches Claires. Prix Georges Lockem, à un poète belge de moins de 25 ans : Nicolas Grégoire, pour Et rien. Prix Verdickt-Rydams, pour un auteur qui fait le lien entre art et sciences : Jean-François Viot pour sa pièce La route de Motalcino. Prix Frans Weber, pour un auteur de nouvelles belge de moins de 40 ans : Aurelia Jane Lee pour L'Amour ou juste à côté.

Prix Auguste Michot, pour un auteur belge qui chante la Flandre : Nicole Verschoore pour sa trilogie La Passion et les hommes. Et Prix Félix Denayer : Alain Berenboom, pour l'ensemble de son œuvre.
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http://www.tunisia-today.com/archives/47063

Avec «Le village de l’Allemand», l’écrivain algérien Boualem Sansal a remporté le grand prix RTL- Lire. Un ouvrage bien accueilli du côté des Français, boudé en Algérie !

Le prix RTL- Lire 2008 est venu à temps pour l’écrivain Boualem Sansal qui risque de perdre l’espoir après les critiques acerbes qu’a confronté son «Village de l’Allemand» depuis sa sortie. Acclamé par la presse française, rejeté par la presse algérienne, ce nouvel ouvrage de Boualem Sansal a ouvert mille et une polémiques. Publié chez Gallimard, «Le village de l’Allemand ou le journal des frères Schiller» a été sélectionné parmi toute une série qui comprenait «Beau rôle» de Nicolas Fargues, «La délégation norvégienne» de Hugo Boris, «Journal» de Hélène Berr et «Vie et mort d’Edith Stein» de Yann Moix. Dans «Le village de l’Allemand», Boualem Sansal raconte «l’histoire de deux frères d’origine algérienne, élevés dans une banlieue française par un oncle, qui vont découvrir le passé terrible de leur père. Officiellement ancien combattant du FLN, il était en réalité allemand, ancien officier SS réfugié en Algérie», lit-on dans le petit résumé de ce livre qui confirme de plus en plus le grand talent de Boualem Sansal qui est venu à l’écriture grâce à l’encouragement de son ami l’écrivain Rachid Mimouni. Ingénieur de son état qui a déjà à son compte un doctorat en économie, enseignant à l’université, chef d’entreprise et haut fonctionnaire, cet écrivain a publié son premier roman «Le serment des barbares» en 1999, chez Gallimard. Un livre qui a été bien salué par la critique mais qui a valu à son écrivain son poste de travail. Guidé par cet amour fougueux pour l’écriture, Boualem Sansal n’a pas baissé les bras et c’est avec «Harraga» son 4e roman que la reconnaissance a été rendez-vous.


Mais avec «Le village de l’Allemand», les choses sont encore floues du côté de son pays natal. «Je pensais que mon livre serait utile là-bas, qu’il ouvrirait le débat. Au lieu de quoi, je suis accusé d’être manipulé par les Occidentaux, d’apporter une caution internationale à Israël ou encore de relayer la propagande de Sarkozy qui reçoit Shimon Peres. Je me fais même traiter de fou…» a souligné cet écrivain algérien dans une interview accordée à la revue «Lire» suite à la cérémonie de remise du prix RTL- Lire 2008.

I.A.

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Les librairie Claire Fontaine organiseront deux rencontres en ce mois de Ramadan. La première se tiendra à la librairie Claire Fontaine-La Marsa, le mercredi 19 octobre 2005. L’auteur algérien Bouâlem Sansal présentera son dernier ouvrage «Harraga». La soirée débutera à 20h30. Le seconde, qui se déroulera à l’Espace Claire Fontaine à El Menzah VI, sera consacrée à Youssef Seddik, qui présentera «Nous n’avons jamais lu le Coran ». L’événement aura lieu le jeudi 20 octobre 2005 à 21h00.
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http://passouline.blog.lemonde.fr


06 mars 2008

L’angoisse et le dégoût de Boualem Sansal

Qui en douterait ? Le dernier roman de Boualem Sansal a été très mal reçu chez lui en Algérie. Il a l’habitude. Sauf que cette fois, le malaise s’installe si durablement et la menace se fait si insidieuse que l’angoisse est quotidienne. Au point de le pousser à s’exiler. Il n’envisageait pas jusqu’alors de vivre ailleurs que dans son pays, malgré tout, ce qu’il m’a confié tout à l’heure à l’issue d’une longue conversation à bâtons rompus à Bruxelles. Il faut dire que Le Village de l’Allemand ou le Journal des frères Schiller (265 pages, 17 euros, Gallimard), son cinquième roman depuis Le Serment des barbares qui l’avait révélé, raconte une histoire pour le moins explosive.

Les deux narrateurs sont deux frères nés d’un couple dit mixte : mère algérienne, père allemand. Celui-ci est un moudjahid nimbé de l’auréole de ceux qui ont combattu héroïquement pour arracher l’indépendance aux Français. A ceci près qu’il eut un autre passé pendant l’autre guerre, celle du IIIème Reich… A travers leur Journal, les deux frères évoquent tant la découverte de la solution finale par un jeune Arabe que la récente guerre civile algérienne et la vie des immigrés dans les cités dans la France de la fin du XXième siècle. Trois raisons d’appuyer là où ça fait mal. L’action se situe à Aïn Deb, près de Sétif, où les islamistes du GIA massacraient à la chaine il y a peu encore. Le nom est inventé mais c’est bien ce coin là où vécut autrefois celui que les gens du crû appelaient “l’Allemand”. La vérité et la force de ce roman ne surgissent pas seulement de son authenticité, mais aussi de sa recherche formelle.

Lakhdar Hamina, la fameux réalisateur de Chronique des années de braise, prit même son téléphone pour le confirmer à Sansal :” Ton type, je l’ai connu. Même qu’on l’appellait comme ça, Al Almaani, l’Allemand !”. Pour écrire cette histoire, l’auteur n’a pas seulement enquêté sur le personnage en interrogeant les témoins locaux ; il s’est documenté sur les liens historiques entre nazisme et monde musulman. “C’est pour ça qu’aujourd’hui, on ne me lâche pas, me dit-il. Ils sont persuadés que j’ai tout inventé pour nuire à l’image du FLN en mêlant les anciens nazis à la guerre de libération de l’Algérie”. Et Boualem Sansal de regretter que malgré l’excellent accueil de la presse française, nul n’ait osé creuser dans le roman et aller au fond des choses. Explorer les liens historiques entre islamisme et nazisme. Il cite bien sûr le grand mufti de Jérusalem Al Husseini et ses visites auprès d’Hitler, mais aussi Hassan El Banna, le fondateur des Frères musulmans, qui en fit autant, sans oublier un personnage inconnu des Français mais bien connu des Algériens qui s’intéressent aux racines idéologiques du FIS (Front Islamique du Salut) : Mohamdi Saïd, le troisième du trio (avec Madani et Belhadj) qui fonda l’organisation ; or, avant cela, et avant d’être ministre de Ben Bella et dignitaire du FLN, cet homme s’était engagé volontaire à 19 ans sous l’uniforme allemand en pleine guerre. Uniforme sous lequel il fut promu officier, engagement qu’il ne renia jamais.

Boualem Sansal est formel : “Il y a incontestablement un courant national-socialiste qui irrigue la pensée islamiste et l’on sait parfaitement d’où il vient. Les textes sont là, il suffit de les étudier. Mais ce que me reprochent les Algériens, ce n’est pas de le dire, ça comme le reste, mais de le dire en France. Ils veulent que ça reste entre nous”. Et Sansal de dénoncer “l’ambiguité et le double langage” des intellectuels arabes, un pusillanimité dont il se dit “dégoûté”. Après sa lettre encolérée à ses compatriotes publié en 2006 sous le titre Poste restante, Alger, le nombre de ses ennemis avait déjà augmenté. Aujourd’hui, la vie devient de plus en plus difficile pour lui dans sa petite ville de Boumerdès (ex Rocher noir), à 50 kms d’Alger. Il ne peut plus retrouver de travail en dépit de sa formation et de son passé à l’Institut de gestion du BIT, et sa femme a été mise à la retraite anticipée de son poste de professeur de mathématiques. A chaque demande, des réponses dilatoires et des fin de non-recevoir. Les menaces fleurissent sur les blogs :”Sansal, souviens de Djaout et Matoub …”, mais comment pourrait-il oublier l’écrivain et le chanteur kabyles assassinés. “Tous les matins, j’ai ma photo dans la presse, ou un article, pour me traîner dans la boue ou me traiter de malade mental. Le voisinage me regarde d’un sale oeil. Angoissant, non ? En tout cas, on ne supporte plus. Il faut savoir que Bouteflika (le président algérien), c’est Poutine+Ahmadinedjad. Vous voyez ? Un autocrate mégalomane suffisamment proche des islamistes pour leur confier la moitié de ses ministères.” Toutes choses énoncées sans que jamais il ne se départisse du calme, de la maîtrise et de la douceur qui le caractérisent.

Persuadé à juste titre qu’on lui fait payer le succès de ses livres en France, il n’en éprouve aucun regret pour autant. Sa pugnacité et son courage le singularisent, surtout à un moment où l’on voit un écrivain tel que Yasmina Khadra accepter de son gouvernement le poste aussi officiel que politique de directeur de l’Institut culturel algérien à Paris. Mais aujourd’hui, alors que tout se crispe autour de lui, Sansal se sent désormais coincé. Que faire alors ? Partir peut-être. D’autant que cela ne s’arrangera pas avec sa dernière prise de position : il est de ceux qui boycotteront l’appel au boycottage du Salon du livre de Paris, jugeant absurde que des écrivains arabes tiennent des écrivains israéliens pour responsables de la politique de leur gouvernement au lieu de les considérer exclusivement comme des représentants de leur littérature. ”J’irai, je participerai et je dédicacerai bien sûr !”. A propos, si Boualem, prénom berbère qu’on ne trouve qu’en Algérie, signifie “étendard”, Sansal n’est le porte-drapeau de personne. Un écrivain, juste un écrivain.
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