Coup de soleil
Lettre d'information n°31 -4 novembre 2009 -p.20
Boualem Sansal à Montpellier et à Nîmes
Grande affluence mardi 22 septembre pour écouter, voir ou revoir la plus belle et la plus hardie des plumes de la littérature algérienne d'aujourd'hui.
Pendant que Boualem Sansal répond aux questions d'une journaliste locale, les gens arrivent et peu à peu la belle salle de la médiathèque Emile-Zola se remplit avec un public varié.
Lors de sa présentation, nous avons loué le talent littéraire de cet écrivain et son engagement politique et citoyen, dans la double lignée de Yacine Kateb et de Rachid Mimouni.
Nous avons rappelé les éloges qui lui ont été adressés par les critiques littéraires les plus prestigieux tout en indiquant que ses romans étaient interdits dans son propre pays. Dans son dernier livre, Le village de l'Allemand, à travers l'histoire improbable et pourtant réelle, d'un Allemand devenu héros de la révolution algérienne et assassiné par les islamistes du GIA, Boualem Sansal interpelle autant la société algérienne que la société française. En raison de cette double interpellation, il était tout naturel que Coup de soleil organise cet hommage. Lorsqu'il prend la parole ce soir là, Boualem Sansal va prononcer une phrase terriblement symptomatique du mal indéfinissable qui ronge l'Algérie et ses créateurs « Ce pays me fait
souffrir ». Il nous dit tout son mal-être lorsqu'il évoque l'éventualité et peut être la nécessité de devoir quitter son pays parce que d'autres l'ont décidé pour lui. Profondément déçu de l'absence de résistance du peuple algérien face à une situation moralement et socialement insupportable, Boualem Sansal nous dit aussi l'impossibilité de fournir une explication logique. Il se lance dans une longue condamnation de tous ces tabous qui verrouillent l'imaginaire des Algériens et les empêchent de construire l'avenir, parce que leur histoire officielle est truffée de non-dits, mais aussi parce que, depuis une vingtaine d'années, ce qui était une spiritualité apaisée a été transformée en morale indépassable et surtout incontestable.
Il nous dit son désespoir lorsqu'il apprend que des barques de harragas ont chaviré et qu'à leur bord avaient embarqué des jeunes gens pleins de vie, fatigués d'assister en direct et tous les jours à leur propre érosion. La teneur des débats a ravi une très grande partie des présents mais elle a laissé beaucoup d'autres sur leur faim, celles et ceux qui auraient tant voulu parler de l'écrivain et surtout de ses livres. Boualem Sansal a retrouvé le lendemain Coup de soleil et les lecteurs gardois du "Coup de cœur 2009" au sein de la bibliothèque Marc Bernard de Nîmes. Le public, trois fois moins nombreux que la veille, ainsi que la petite salle où nous étions installés, ont donné une toute autre dimension à cette rencontre. Dès les premières paroles, Boualem Sansal, ému par la vision que nous avions de son personnage, nous a laissé pénétrer dans son intimité. Il a parlé avec émotion de son épouse tchèque et de leurs deux filles, de l'incapacité de celles-ci à vivre dans son pays, puis de sa seconde épouse qui l'aide au quotidien à supporter les pressions dues à ses écrits. On a donc entendu l'histoire d'un homme et de ses romans, de son style, du choix de son dernier sujet. Si la situation de l'Algérie et l'islamisme ont été évoqués, ils n'ont pas constitué l'essentiel des débats. L'émotion et l'admiration des lecteurs présents étaient indéniables, le respect qu'ils montraient pour l'engagement, la simplicité et le talent de l'auteur du Village de l'Allemand s'entendaient dans les échanges de cette soirée fort chaleureuse.
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mercredi 11 novembre 2009
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