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lundi 28 juillet 2008

21- François Bon, pas d'accord

Le Billet du jour. En passant par François Bon

Du «Sang noir» à Sansal, et retour

Par Grégoire Leménager

Le Prix Louis Gailloux ne s'honore pas seulement de porter le nom d'un des grands écrivains méconnus du siècle passé (plongez donc cet été dans «le Sang noir», et on rediscute à la rentrée). Depuis sa création en 1983, il a également récompensé quelques auteurs majeurs. Parmi eux: Nicolas Bouvier, Jorge Semprun et Pierre Michon, Jean Rolin, Olivier Rolin et François Bon, ou encore, l'an dernier, Christian Prigent pour un livre dans lequel on identifiait précisément la silhouette, irréductible et familière, du Guilloux dont son père était proche («Demain je meurs», POL).

Le lauréat 2008 est le romancier algérien Boualem Sansal et une chose est sûre: ce n'est pas grâce au soutien de François Bon. Le 23 mai dernier en effet, l'auteur de «Sortie d'usine» publiait sur son journal en ligne une lettre dans laquelle, au dernier moment, il annonçait se désengager du prix Guilloux. Le motif en était des plus respectables: il expliquait tout simplement n'avoir «pris aucun plaisir à découvrir les livres sélectionnés».

Les prix littéraires doivent être «inventés autrement», écrivait-il encore (en avançant au passage d'intéressantes propositions). Difficile de le contredire là-dessus. Même Franz-Olivier Giesbert vous le dirait. Pas avec les mêmes arguments ni les mêmes objectifs, mais il vous le dirait - d'ailleurs il l’a dit, non? Et sans doute «le Village de l'Allemand» n'avait-il en effet pas absolument besoin de cette nouvelle récompense: publié chez Gallimard, il a déjà été couronné en quelques mois par le Grand Prix RTL-Lire, le Grand Prix de la Francophonie et le Grand Prix du roman décerné par la Société des Gens de Lettres.

Il est possible en revanche que Bon y soit allé un peu fort en lançant cet appel: «Au nom de Louis Guilloux, éloignons-nous de ces formes qui tiennent avant tout à une idée sage de la bourgeoisie». Car si Sansal n'indique pas la voie d'un renouvellement radical de l'écriture romanesque, on retrouve justement dans son «Village de l'Allemand» quelques-uns des traits les plus caractéristiques du «Sang noir», du «Jeu de patience» ou même d'«OK Joe»: une efficacité narrative passant par un récit à hauteur d'homme, ancré dans un sentiment d'urgence face au réel - face à une Histoire en marche, qui nous attend au tournant, en nous collant sur les bras quelques inquiétantes questions. C'est renouer avec la littérature des années 30 dans ce qu'elle garde de plus puissant.

On aimerait pouvoir en dire autant de beaucoup d'autres écrivains contemporains. On peut certainement le dire de François Bon (dont on attend avec joie le «Led Zeppelin» à paraître l'automne prochain). Mais tous n'en sont pas vraiment là.

G.L.

26.06.2008

in: bibliobs.nouvelobs.com/2008.06.26
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Voici la lettre de François Bon :

Les prix littéraires : inventer autrement ?

copie de lettre amicale au jury du prix Louis Guilloux

Ce soir, j’aurais dû participer aux délibérations du prix Louis-Guilloux, à Saint-Brieuc, et je m’y serais retrouvé en compagnie amicale.

Mais c’est au-dessus de mes forces, et pas seulement pour la période écrasée de travail, finalisation du Led Zeppelin. Brassait dans la tête, tous ces jours, une question de cohérence et de choix sur le fond.

Dans la logique de ce site personnel depuis son début, chantier et réflexions à ciel ouvert, la lettre que je demande à Yvon Le Men de transmettre aux membres du jury, qui avait bien voulu m’accueillir, et auprès desquels je m’excuse de ce revirement.

Chers amis,

Il y a quelques semaines, Yvon Le Men, en votre nom, me sollicitait pour vous rejoindre dans le jury du prix Louis Guilloux.

L’œuvre de Louis Guilloux est de celles qui comptent, et sont pour aujourd’hui un signe d’exigence, de radicalité dans la non-compromission, un ancrage social, aussi, pour le territoire donné à nos formes littéraires. Je suis très fier que vous m’ayez accordé ce prix pour le récit consacré à la mémoire de mon père, Mécanique, en 2002. Et fier aussi des auteurs que je rejoignais dans la liste de ses attributaires.

Pour ces raisons, et le grand partage qui me lie à Yvon, depuis des années, j’ai accepté cette proposition.

Il y a aussi que l’âpreté ouvrière de Saint-Brieuc me rend cette ville proche et singulière, et que votre département des Côtes d’Armor compte dans mes origines familiales : un pêcheur de Lannion, amputé d’un bras, et contraint de monter à Paris à la fin du siècle dernier pour se faire cocher de fiacre, c’est pour lui aussi que j’acceptais cette rencontre.

Ce n’était pas à la légère, ce n’était pas non plus sans réserve : plusieurs fois déjà sollicité pour des jurys de prix, j’avais toujours refusé.

Cependant, au moment de vous rejoindre, les réserves prennent le dessus. Il s’agit d’un prix richement doté (20 000 euros - soit le triple de ce qui m’avait généreusement été accordé il y a 5 ans, cela dénote votre volonté, votre effort), accordé par une institution territoriale (le Conseil général des Côtes d’Armor), à un roman.

Je n’ai pris aucun plaisir à découvrir les livres sélectionnés : est-ce que le roman est vraiment encore la forme du risque en littérature, aujourd’hui, risque qui passe aussi par la phrase, la forme, l’inscription du récit dans le réel ? Plus je pensais à Louis Guilloux, et en relisais des pages, plus c’est le statut et l’intervention de l’auteur qui me semblaient importants, et non pas l’objet qui en résulte.

Les chiffres de l’édition, les chiffres de la librairie vont bien : augmentation du chiffre d’affaires. Rien qui pousse à remettre en cause un système que nous sommes pourtant nombreux à considérer comme pris d’un vertige suicidaire. Dans l’ombre de l’inflation des titres, une rotation accélérée et destructrice des ouvrages qui demanderaient une diffusion lente, et un phénomène de loterie de plus en plus sévère pour la diversité nécessaire à la création. C’est ce système qu’entretient la spécificité française de cette multiplication des prix littéraires.

Et puis, lisant les titres sélectionnés, ne pouvoir s’empêcher de penser à ce que représentait Guilloux. La question de la vie quotidienne, l’implication dans le ressenti, le sensible de ceux auxquels on ne demande rien. J’ai éprouvé cela, cette année, en lisant Peau, d’Antoine Emaz : mais c’est précisément ce qui éloigne Emaz du roman. Il y a une œuvre, un parcours, un homme, mais à côté de notre cible. De même, accroché depuis plusieurs années à un travail pour moi nécessaire et vital de remontée dans le présent, via les mutations des années 60 et 70, au travers du hasard et destin de figures de vingt ans, mais que les projecteurs du rock ont permis de sur-documenter – et même s’il est hors de question de recevoir deux fois votre prix !, je ne vois pas en quoi mes livres sur les Rolling Stones ou Bob Dylan m’éloignent de cette passion littéraire où Balzac a le plus contribué à me placer : mais ce ne sont pas des romans.

La littérature est invention, mais aussi intervention. Par Louis Guilloux, nous apprenons que l’un peut se conjuguer avec l’autre. Allons-y au culot : pourquoi ne pas récompenser un site Internet ? Non seulement c’est là que sont l’invention, la réflexion et l’intervention, mais ceux qui comptent s’élaborent loin des trompes et fanfares, via des démarches bénévoles auxquelles il serait grand temps de signifier un peu de reconnaissance symbolique. Ce serait une belle novation, de dire : le prix Louis-Guilloux accordé par le Conseil général des Côtes d’Armor dote de 20 000 euros un site Internet de création et d’intervention littéraires (je peux en proposer six au moins qui en seraient dignes).

Au nom de Louis Guilloux, éloignons-nous de ces formes qui tiennent avant tout à une idée sage de la bourgeoisie. Bien sûr, il y a des exceptions : la vôtre, ou celle du prix Wepler. Mais elles se définissent par rapport au modèle principal, comme contre-modèle (encore, cette semaine, un prix de l’inaperçu !). Fier des gens que vous avez honorés ces dernières années, mais peur qu’au final ça conforte l’ensemble du système : il a place, dans la totalité du dispositif, pour une question dont nous aimerions, de notre côté, qu’elle soit posée globalement à la littérature, et où le vieux mot d’engagement n’est peut-être pas périmé.

Croyez qu’il n’y a rien de prémédité dans cette impossibilité pour moi, ce matin, à prendre la voiture et vous rejoindre. Cette semaine, j’ai découvert le partenariat inauguré entre un lycée de Poitiers et l’écrivain Alberto Manguel : pourquoi, au lieu d’un prix, ne pas labelliser « prix Louis-Guilloux », en amont, une expérience dont vous décideriez du lieu et des formes, projet d’écriture et liaison inventive de l’auteur choisi avec un lieu de travail ou un établissement scolaire ou universitaire ? Moi-même, cette semaine, deux réunions de travail, une en Seine Saint-Denis et une dans le département du Cher, sur ces questions de résidence, d’intervention : sortons du camp retranché de la littérature produit de consommation. C’est vital des deux côtés. Prix Louis Guilloux : un an d’accueil d’un auteur dans votre département, pour un projet d’écriture, et un partenariat de fond avec une bibliothèque, un lycée, un lieu de travail, la possibilité d’inviter d’autres auteurs pour des lectures, etc...

J’y ai beaucoup pensé aussi lors de mes trois jours à Etonnants Voyageurs (merci, Michel et Yvon, pour cette impressionnante qualité de dialogue et d’accueil). Bien sûr, Etonnants Voyageurs accorde aussi des prix littéraires : mais c’est sur le terrain que ça se joue, dans ces rencontres, dans le rapport à la ville (livres qu’on signe pour l’agent des douanes, l’intervenant protection judiciaire de la jeunesse, l’institutrice en zone rurale…) : ce dont on a besoin, c’est d’invention.

Etes-vous vraiment satisfait des romans proposés à votre choix ? Satisfont-ils à ce que vous demandez au langage, dans sa relation au monde, dans sa façon de mettre à nu le monde et de l’ouvrir, d’y faire revenir, en écho, en interrogation, la figure de l’homme ? Cette semaine, malgré les grandes orgues médiatiques consacrées aux Assises internationales du roman, organisées à Lyon par la Villa Gillet, on a comme une fatigue d’avance à ce qui s’annonce de marée pour la rentrée littéraire à venir. Bien sûr, il y a des exceptions : prenez Parc sauvage, zoom autobiographique de Jacques Roubaud, en accompagnement de plusieurs décennies de pratique de poésie, et revenant sur 1942, prenez, dans la même collection Fiction & Cie, L’instant et son ombre de Jean-Christophe Bailly, réflexion à partir d’une photo d’Hiroshima 1945, prenez Film à venir de Jean-Marie Gleize : la littérature fait son travail, vis-à-vis du monde, vis-à-vis des formes. Mais, là où ça rejoint nos questions, c’est à côté du roman. Soyez dans la radicalité de vos exigences, au nom même de Louis Guilloux : si les livres n’y répondent pas, c’est que les bons livres n’ont pas été détectés, ni choisis.

Si, au lieu d’un prix littéraire de plus, un prix comme les autres et merci du chèque, vous souhaitez que nous réfléchissions à d’autres formes, croyez que je serai avec vous.

En tout cas, très touché que vous m’ayez fait cette proposition, qui m’honore. Beaucoup de regrets de ne pas avoir su vous dire cela plus tôt, et dire non quand il l’aurait fallu : mais voilà, trop de choses cette semaine, dans le même sens, qui m’obligent à trancher.

En amitié

© François Bon _ 23 mai 2008

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jeudi 5 juin 2008

20- Merci

Bonne chance à celles et ceux qui se préparent à un examen.... Cool ! and no stress si possibeul.


vendredi 30 mai 2008

19- Le village de l'Allemand et Tchektchouka

in:

http://sentiers-sentiers.blogspot.com/

Le sujet « Sansal » ne cessera pas de revenir sur le tapis, tant il a de rapports avec l’Algérie et ses démons. Avec ‘’nous-mêmes’’ et avec les ‘’autres’’. Avec nos vérités et avec nos mensonges. Avec nos délires et nos unanimismes. Mais aussi avec nos petitesses évidentes. Avec notre prétention à la pureté et sans doute avec nos complaisances. Avec nos copinages et nos intransigeances. Avec notre atavique tribalisme et notre volonté de nous en détacher…avec tout ce que cela comporte d’enjeux.

Mais il y a quelque chose qui ne rentre dans aucune de ces considérations : la critique. Encore faut-il se demander : quelle critique et selon quelle école ? Je veux dire la critique argumentée qui essaie de comprendre et de faire comprendre. Peu importe qu’elle soit indignée ou gagnée à l’opinion du journaliste, du romancier ou de quiconque d’autres. L’essentiel est qu’elle sorte de la phraséologie filandreuse et qu’elle serve un souci de vérité. Or cette vérité, on peut la décanter d’une manière ou d’une autre – de façon textuelle, historique, politique, psychanalytique, sociologique…

Hélas, même des intellectuels – se disant ouverts, tolérants, universalistes, humanistes, plus éveillés que le reste du monde… – considèrent la critique comme un sacrilège, un lynchage, une pratique assassine. Laissez-moi débiter tranquillement mes âneries. Sinon je dirais que vous êtes mauvaise langue. Ou jaloux…si je me réfère à un article consacré à Sansal, paru dans Algérie News. Attention : quand on s’indigne de la sorte c’est pour appeler la foudre et l’apocalypse toutes réunies. Ainsi Sansal est-il pour beaucoup lynché par les siens ! Ou par les chiens ! Kif-kif. Allons donc ! Qui dit mieux ? Il n’en est rien : les positions et les idées récusées par certains de ses disciples n’appartiennent pas à l’opinion avouée. Elles constituent l’essentiel de leurs non-dits. C’est à la rigueur tendre la perche à un ami qui se noie. Khouk khouk lâ ighayyarak sâhbak. Sinon : Annsaar Akhâka dhzâliman aw madhzloumann. Ces logiques vivent encore en ‘’nous’’. Elles ne supportent guère la critique. Mais elles trouvent des voies de recours dans le verbiage. Par exemple : «Boualem Sansal a le courage de dire ouvertement ce que beaucoup pensent depuis longtemps sans le dire».

Bref, Sansal a suivi la voie qui lui semblait – matériellement, oui, disons-le – la plus intéressante. Aux dépens d’un bon sens commun/communautaire. C’est tout son droit. Mais aux dépens de cette ‘’pureté’’ qui fait qu’un écrivain se distingue généralement de la masse du peuple ou de ses lecteurs. Eh, oui… Dans l’imaginaire de beaucoup l’écrivain est celui qui est franchement inspiré. Comme qui dirait un prophète (Astaghfirou-llah !). Désolé, les choses sont ainsi faites. On ne change pas le monde en un jour. Alors que Dieu a mis six bonnes journées pour le créer. Qu’il est grand, en fait, le désordre apporté à la bonne conscience par un sujet fait de bric et de broc. Qui chantait la Shoah. Et chantait faux. Et, de ce fait, paraît-il, ces lecteurs algériens n’ont pas été à la hauteur de son talent. Voire de son génie. Sansal n’a pas les lecteurs qu’il méritait, disent sans cesse ses amis du NouvelObs. De fait, il n’a pas été suivi sur cette pente scabreuse. Hormis ceux dont les « constantes » (arabité, islamité…) exacerbent outre mesure et que Poste restante : Alger a fustigées pour le bonheur d’une ‘’haute idée’’ de l’Algérie française. Que Sansal, en fin de compte, n’ait pas trouvé de bons lecteurs chez les Algériens ne signifie rien d’autre qu’une allégation puant le racisme et le mépris de l’autre.

Vous êtes antisémites, dit Sansal aux Algériens. La guerre d’indépendance n’a pas seulement donné l’occasion à des « tyranneaux » de prendre le pouvoir. Elle est selon lui tout bonnement illégitime. Sansal n’a rien dit de tel ? Que fait donc un nazi dans les rangs de l’ALN ? Et ses interviews venues après-coup l’expliciter, comme s’il n’avait pas pu tout dire dans son roman. Ou qu’il craignait de n’être pas assez compris par ses amis outre méditerranée. Il est intéressant, toujours est-il, de savoir que ce refrain coïncide de façon formidable avec la campagne récente de dénigrement consistant à faire croire que les Algériens sont racistes vis-à-vis des Juifs (« Ihoudi hachak »). Et, tenez-vous bien, non l’inverse. Le film de Jean-Pierre Lledo Algérie : histoires à ne pas dire s’inscrit dans cette mouvance et cette spirale de conspiration culturelle. Les Algériens sont de toutes les intolérances ! Ne vous gênez pas, empilez : ils ont le dos large.

Il suffit de creuser un minimum pour constater que derrière tout cela il y a l’amertume personnelle des gens. Il y a des prétextes comme des lieux que l’on pourrait nommer défouloirs ou dégueuloirs… Il y a des règlements de compte… qui entrent en ligne de compte. Il y a les intérêts et les luttes de clans…Cela, à un moment où le pouvoir algérien donne tout l’air de s’enliser – pour longtemps – ou pour toujours – dans des incohérences. D’une part, la loi amnistiante incapable de juguler la violence terroriste. De l’autre, les émeutes, la mal vie, l’émancipation contrecarrée…tout cela qui justifie la devise : tous les coups sont permis. C’est dire si tout le monde ne doit pas mettre en avant sa vérité et revendiquer sa part de génie et de bonheur.

La danse alors s’emballe. Frénésie. Désordre. Et obscurcissement de la vision. Moment opportun. Prestidigitateurs et adversaires d’antan entrent alors en scène ou en danse. Mettent du leur. Chauffent les tambours. Distribuent les trompettes. C’est à qui claironne plus fort ! Sansal est de la partie. Il est celui qui peut peut-être le mieux convaincre que l’islamisme et le FLN sont les deux faces d’une même pièce. Un poncif tenue en vie par un certain Occident. Kif kif... l'amalgame. L’absence de discernement et l’emporte-pièce sont élevées jusqu’au modèle. Et jusqu’à l’indiscutable. Vive le roi.

Après le prosélytisme islamiste qui mit le feu à tous les foyers, voici le prosélytisme protestant. Bonjour notre intolérance. Et bonjour notre mise à l’index (moralement, il va sans dire) par le monde bien-pensant. Le cas « Habiba » : une preuve que nous sommes infréquentables. Cependant que l’Algérie compte 60.000 chrétiens pratiquants – accomplissant leur foi sans être inquiétés. Des centaines et des centaines d’articles sont consacrés à cette femme transformée par les préjugés occidentaux en martyre de la foi.

Cela, alors que la justice n’a pas tranché. Et alors que le juge n’a pas encore ouvert la bouche. On ‘’nous’’ juge…avec préméditation.

Surfer sur la toile m’a permis de voir que cette affaire est au fond bien crasseuse. Elle est en rapport évident avec les passions de l’homme et les sentiments primaires. Avec les ruptures identitaires entretenues et aggravées depuis des siècles. Quand des médias mettent en avant des détails de l’enquête d’autres les méprise et les occulte – carrément. Dans le meilleur des cas, la dizaine de bibles trouvée chez Habiba n’est pas mentionnée. Des déclarations indignes mais pratiquement invérifiables sont prêtées à ses procureurs. La manipulation est à l’œuvre. On donne libre cours à l’extrapolation. L’inconscient collectif se déchaîne sans délai et au plus vite. Armada ! Charles Quint lance sa flotte – malchanceuse. Mohamed Benchicou du Matin Dz, lui, lance une escouade d’articles.

Bouteflika derrière l’inquisition et la lutte contre l’évangélisation. Cet article est accompagné de l’effigie du président de la république et de son premier ministre. Il l’est aussi pour ceux de Malek Chebel et de Boualem Sansal. Voir par conséquent dans cette esthétique une généralisation. Et autant une radicalisation de l’opinion que son orientation. Les présidentielles se profilent à l’horizon politique. L’idée d’un troisième mandat offert par ses pairs à Bouteflika par l'entremise d'un « viol de la constitution » fait craindre le pire. Mobilise des énergies et des stratégies pour lui barrer la route. Le journalisme algérien (pour indépendant qu’il prétende être) y est ainsi impliqué. Financé sans conteste par des sphères privées. Du moins par des sphères occultes et influentes du pouvoir lui-même. Le Matin Dz : un électron libre. N’en croyez rien. Considérez bien la place allouée au terme « inquisition » et son appartenance stricte au paysage occidental. Car le message veut plaire. Et il a un destinataire. Quant à « évangélisation », il est mis pour neutraliser celui de « prosélytisme » – loin d’être aussi incriminant. Comprendre : le procès de Habiba n’a pas lieu d’être. Donc : ni raïs ni Etat. Ni juges ni policiers.

Malek Chebel : ‘’L’Islam n’est pas responsable de l’usage qui en est fait. On n’imagine jamais assez les efforts investis par ‘’notre’’ Chebel pour ‘’nous’’ prêter une meilleure image en Occident – pour nous rendre fréquentables. Il lime, rogne, équarrit, emboutit, rectifie, polit, perfore certains mythes, arrange leurs contours…Il en fait trop, notre mécanicien. Mais il en profite…aussi. Là, Benchicou sous-entend que si l’Islam est tolérant c’est en son nom qu’on tyrannise cette pauvre chrétienne de Habiba. Les musulmans sont des tyrans ! Ils sont tous islamistes. Bouteflika et Belkhadem – en tout cas . Voilà une façon de dire implicite et indirecte. Le sens est déplacé par glissement imperceptible. Et par superpositions insinuées. Au total, il suffit de mettre à la une, opportunément, cet article. Lequel d’ailleurs n’est pas actuel et qui, a fortiori, a déjà paru sur le site du Matin Dz.

Algérie – Affaire Habiba : La France qualifie le procès de ‘’choquant’’. La France ici signifie : Droits de l’homme à la Rama Yade. Et l’article lui est consacré. Encore une fois l’Occident se présente en donneur de leçons. Benchicou lui ouvre une tribune. Etrange : un gouvernement de droite française qui bafoue tous les droits de l’homme trouve à s’apitoyer sur le sort d’une Algérienne. La sympathique Rama Yade sait-elle au moins qu’elle fait partie du lot des ministres à juste titre qualifiés d’alibis. Cache-sexe du mépris et du saccage. Or Benchicou nous invite à venir paître dans son râtelier qu’il nous présente comme étant celui de la tolérance. Chez lui, le cap du énième millier de visiteurs est dépassé. Autant y aller. Consommer politique… Les idées et les valeurs… ça s’importe ! Et ça tue… quand ça pue et que c’est avarié.

Algérie : Tollé autour de Habiba la chrétienne persécutée. Benchicou enfonce le clou. Habiba est persécutée. Il en est catégorique. Mais son information est puisée chez ses confrères algériens – en tout cas tronquée des éléments d’enquête susceptibles de donner une vision nette, d’amener à faire la part des choses, d’inviter à plus de circonspection, d’éviter de tirer des conclusions hâtives… Au lieu de cela : des appels quasi ‘’insurrectionnelles’’. Le moindre en fait est que cela suscite la hargne, pousse au chaos – au prétexte de parer au désordre. Pardon, Habiba, si je te contrarie. Et si je t’offense. Nous sommes tous des justiciables. J’aurais été juge, je vous acquitterais. Attends, pas à si bon compte. Prison avec sursis. Je te ferais remarquer – si tu ne le savais pas – et que tu n’en étais pas consciente – qu’il y a une loi qui interdit le prosélytisme. L’Etat pour le bonheur de tous entend la faire respecter. La prochaine fois... la prison ferme.

Boualem Sansal : ‘’Nous vivons sous un régime national-islamiste’’. Boualem revient. Pas seulement en arrière. Ni pour rien. Chez Benchicou, il reprend place à la une. Pensez-vous, si on peut mieux que Benchicou orienter l'opinion. Boualem : une autorité intellectuelle. Même si ses propos sont recyclés, à l'envi. Et son esprit formaté, outre méditerranée. Au final : coups d'épée dans l'eau. Que ça ! L'homme rase les murs en Algérie – son pays qu'il déteste, qui le déteste. Le parallèle islamisme/nazisme, qui en croit vraiment aujourd’hui pour lui tendre l’oreille. Thèse invalide. Ça marche encore chez ‘’nous’’. J'en conviens. Et ça arrange pas mal de monde.

Qu'importe. Monsieur Benchicou opère par identification : aujourd'hui, il prend à cœur l'affaire "Habiba". Humanisme oblige. Peut-être. Mais il veut surtout lui donner une résonance politique et idéologique. Par quel moyen ? Par une vision du monde à la Rama Yade. Ça sent le Sarkozisme …et sans conteste le mépris qu’a l’Occident vis-à-vis de ‘’nous’’. A quel prix ? Cher… trop cher… Je vous le dis : il fait le jeu de certains. Il apprête les consciences à recevoir ‘’le saint sacrement’’. L'essentiel étant pour lui d'avoir raison sur Bouteflika et son pouvoir.

Donc : alignons si vous le voulez bien ces noms et faisons le compte : Benchicou + Sansal + Chebel + Habiba VS Bouteflika et consorts. Très simple ! Opportun veut dire opportunité si ce n'est opportunisme – certains jours. J'oubliais : la grande contradiction ! Monsieur Benchicou, dans un article paru sur Le Matin Dz, donc chez lui-même, a fustigé le Sansal du "Village de l'Allemand" – au même titre que le Marek Halter de tous les partis pris, qu'il dit regretter d'avoir lu. C’était quand il annonça à ses lecteurs qu’il n’irait pas au Salon du livre de Paris. Evident : il n’avait pas le front d’airain de Sansal. Ou peut-être : il n’avait pas de chèque à empocher.

Pas grave : sa colère est maintenant passée… On peut lui pardonner. Aujourd’hui, l’heure est aux règlements de compte. Aussi peut-être faudrait-il aujourd’hui, plus que jamais, régler les pendules à l'heure de Sansal, du Nouvel Obs, de La Croix, de Jésus, de Rama Yade… plutôt qu'à l'heure de Mahomet qu'on mêle à tous les intégrismes et tous les totalitarismes. Qu’on mêle à toutes les intolérances en s’en défendant de faire rien de tel. C’est à se demander quel Algérien n’a pas – peu ou prou – les pieds dans la fange. Puisque notre athéisme, notre laïcité, notre ouverture d'esprit, notre vision de démocrates, sont eux aussi pour le moins entachés d’intolérance. De machiavélisme. La demi-mesure, nos démocrates autoproclamés la connaissent-ils ? Les extrêmes se touchent. Que l’on soit de la trempe de Sansal ou de Ali Belhadj …toujours la rage. Et la table rase !

Rédigé par :

Mohamed-Salah Zeliche

Article paru in La Nouvelle Republique du 03-06-2008

http://sentiers-sentiers.blogspot.com/

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Relevé dans le livre d’or de : http://dzlit.free.fr/

Le 26/05/2008 à 22:07:55 De : Youghourta Kebbous

Je suis un visiteur régulier de la page et je voudrais encore une fois vous feliciter et vous dire merci pour la bonne tenue. ce que je voudrais par contre exprimer, c’est ma tristesse de voir le lynchage affreux qui se fait sur votre page sur l’écrivain Boualem Sansal. il n’y eu aucune réponse au problème que pose l’écrivain, c’est dommage ça aurait fait un débat qui traitera l’Algérie d’aujourd’hui.

Le nazisme et l’islamisme. Si la combinaison vous semble vulgaire et bien messieurs dames, je doute de votre sincérité a vous. Dites-moi les auteurs d’aujourd’hui qui dénoncent le glissement politique actuel aujourd’hui en Algérie la corruption, la répression, la hogra, l’intolérance...qui la dite? on n’a pas fini de nous battre pour une liberté de l’expression pour faire parler la société, faire dialoguer le peuple que la violation de l’intégrité et du droit d’avoir une conscience en Algérie pointe du nez. En Algérie ça sent mauvais chez nous, Boualem Sansal en citoyen et intellectuel responsable et modèle tire la sonnette d’alarme. J’ai lu tous les ouvrages de cet écrivain d’un trait depuis la lecture d’Algerie poste-restante (sauf le sermon des barbares) j’attends vivement le prochain. Vous voulez faire les réconciliateurs mais autour de quel projet? vous voulez le silence des vrais intellectuels, qui ont un rêve et l’amour de leur terre et de leur peuple. Boualem Sansal est l’homme authentique au milieu des siens.
Mes amitiés

Youghourta Kebbous

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27 mai 2008

Bonjour toutes, tous,
Comme je le fais régulièrement, j'ai jeté un oeil sur le livre d'or du site DzLit. La plupart du temps, il n'y a rien de nouveau, mais aujourd'hui un message m'a interpellé, c'est celui de Youghourta Bebbous (pseudo bien sûr).
Le message parle de lynchage affreux de l'écrivain Boualem Sansal sur DzLit et doute de la sincérité du site.
Chacun pouvant avoir son avis, même injuste, je n'en aurais fait aucun cas si je ne m'étais rappelé qu'il y a peu, il m'était reproché ici même d'aider mon ami Sansal.
Je trouve, comme l'a dit Jean de La Fontaine qu'on ne peut contenter tout le monde et son père.
Il faudrait donc savoir !
(Je signale au passage qu'il y a, à ce jour 1282 pages distinctes d'auteurs !)

J'ai fait une réponse à ce cher visiteur et vous en donne copie ci-après.
Amitiés,
Lounes Ramdani

Bonjour Youghourta Kebbous,

Je viens de lire le message que vous avez bien voulu laisser sur le livre d'or de DzLit et je vous en remercie.
Je tiens à vous faire remarquer que le site propose des pages dédiées à de nombreux auteurs et que chaque page à vocation à reprendre des commentaires et articles de presse qui ont paru relativement aux ouvrages de l'auteur.
Ces articles sont repris sur DzLit, avec citation du journal, de la date et du journaliste auteur, sans pour autant refléter d'opinion ou de jugement de valeur.
Par ailleurs sont repris aussi bien les articles qui encensent l'auteur que ceux qui le fustigent, c'est la pluralité des avis. Il n'a jamais été question de censurer ni de s'interdire de faire état d'un avis contraire, au motif qu'il ne serait pas favorable à l'auteur.
Je précise toutefois que je partage votre opinion sur Boualem Sansal qui a le courage de dire ouvertement ce que beaucoup pensent depuis longtemps sans le dire.
Mais est-ce une raison, justement, pour se voiler la face et faire comme s'il n'y avait que des avis favorables ? D'ailleurs la plupart des autres articles lui sont très largement favorables.
Les reproches éventuels, s'il y a lieu, ne doivent être adressés qu'aux auteurs des articles et non au site qui les mentionne en toute impartialité.
Je vous réitère mes remerciements pour votre message.
Bien cordialement,
Lounes Ramdani

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27 mai 2008

Votre réaction à ce mot me parait très juste Lounes, en effet les avis même s'ils sont divergents doivent pouvoir être lus. Amicalement.

Marie
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lundi 26 mai 2008

18- Le village... A vous de juger: insultes ou recension?

Nos journalistes ne parlent pas du contenu de certains romans, mais ils savent insulter. Jugez:


Le Quotidien d’Oran lundi 26 mai 2008

Nazisme et opportunisme

par Ali Bellakehal

Il y a en ces temps troublés, s’élevant çà et là, outremer et en deçà, des voix, des cris d’orfraie, de veuve outragée criant scandale, ameutant le voisinage tout en se drapant dans les oripeaux de la vertu. Des voix d’ici empruntant les canaux de là-bas et distribuant à tour de bras les griefs.

Ainsi en est-il d’un écrivain encensé à longueur de pages du Matin jusqu’au soir et sous tous les Horizons voire jusqu’au Nouvel obs. Ce sont hélas là les procédés médiatiques qui font et défont les stars, héros de pacotille voués à une existence proportionnelle au service rendu, un peu à la manière des piles qui s’usent si l’on s’en sert.

M. Sansal après être entré en disgrâce (Cet ancien haut-fonctionnaire en Algérie, limogé en 2003) monte au créneau et devient la Vedette de l’éphémère thème d’actualité monté en épingle par les médias français et francophiles. Son fameux pétard mouillé: que d’aucuns verraient bien en best-seller à la Paul Sullitez, s’intitulant «le village de l’Allemand» est qualifié de roman de choc par le Nouvel Observateur.

Du coup, M. Sansal se voit propulsé à l’avant-scène, tout ébloui par les feux de la rampe- on le voit bien à la manière dont il pose pour la photo du nouvel obs-, ceux-là mêmes dont il a en vain longtemps, si longtemps, rêvé dans son pays. Le Voilà enfin porté au pinacle tel un Sifaoui, un Meddeb, un Benzine ou la cohorte de plumes indigènes au service de la Patrie des lumières.

Particulièrement inspiré, il se lance sans retenue dans une diatribe contre, l’affirme-t-il crânement, l’islamisme dans son acception actuelle, c’est-à-dire l’exploitation politique de l’Islam.

Il a ainsi le culot d’assimiler l’islamisme au nazisme d’où la floraison d’articles provocateurs de la presse francilienne ravie de l’aubaine:

- Boualem Sansal: «Nous vivons sous un régime national-islamiste»

- Boualem Sansal: «L’islamisme se rapproche du nazisme» (le site du Nouvel obs)

- «La frontière entre l’Islamisme et le nazisme est mince»

Ce qui est dommageable pour l’étoffe du héros tissée avec tant de mélioratifs «monumental Sansal» «Un sacre littéraire». «Un bijou romanesque digne de tous les éloges»- c’est le courage qui lui a manqué lorsqu’il ne put qu’insinuer de façon tellement pateline une analogie entre l’Islam et le nazisme.

Dans la même veine, que ne voilà-t-il pas un certain Merdaci qui commet, le 24 février 2008, un article dans le Quotidien d’Algérie. Cet écrivain universitaire comme il se plaît à s’autodésigner intitule son torchon qui ne brûlera que sa propre prétention «Une suite allemande». Il s’y accorde un malin plaisir à jeter l’anathème sur les valeureux combattants algériens (authentiques «argaz» qu’il traite de vulgaires «Spadassins» et de «sicaires» euphémismes du mot assassin) qui ont secoué le joug colonial tels M. Bouras le père des SMA, M. Aït Athmane, M. Iguerbouchène, M. Mohamed El Kamal et plus particulièrement le Colonel Mohammedi Saïd, Mahiouz et H’mimi qu’il accable de tous les lazzi, avec la même haine que leur voue le nostalgique admirateur de Bigeard qu’est le père des «Fils de la Toussaint». Même le grand Martyr, le symbole transcendant de la résistance farouche, le Colonel Amirouche n’échappe pas à la furia de notre écrivain universitaire en sa qualité de supérieur hiérarchique de ces prétendus nazis algériens (notons au passage que c’est Si Nacer qui est le supérieur du Colonel Amirouche). Et il y va de ses comparaisons douteuses (dans la mesure où elles puisent leurs termes dans le martyrologe français et sémite). Il fait notamment référence à Our Ador sur Glane, à la fumeuse solution finale et aux crimes contre l’humanité.

La longue nuit coloniale manquait-elle de témoignages sur les atrocités de la bête immonde; l’extermination des Oufias dans l’Algérois, les emmurés des grottes de Sbéahs dans la région du Chélif, le gazage des 1.000 membres des Ouled R’yah dans le Dahra par Pelissier en 1845, les mains et les oreilles des victimes algériennes empilées dans les sacs de jute pour justifier les primes de baroudeurs français: tout cela ne préfigure-t-il pas, un siècle à l’avance, la solution «finale» et les chambres à gaz de Himmler qui, comparé aux bourreaux du peuple algérien, pourrait passer pour un enfant de choeur. Nos intellectuels, qui ont sûrement acquis leurs lettres de noblesse dans les universités algériennes avant d’être séduits par les sirènes de l’Occident, ont visiblement vite fait d’oublier l’histoire d’un pays qui leur a tout donné pour s’abandonner au délices d’une Capoue dont Zidane et bien d’autres ont bien vite fait de découvrir la glaciale face cachée.

Ils ont enfin compris que la nuit couvrira de son manteau d’encre les étoiles filantes éclairant le ciel d’outremer, qu’aux paillettes, qu’au strass, qu’aux flashes des paparazzi succède le silence sépulcral. Plus haut on s’élève et plus dure sera la chute; seul demeurera gravé sur le parvis de l’histoire le mal qu’on a fait aux siens, à sa culture et sa civilisation car comme le dit si bien l’adage bien de chez nous «la chair (de l’individu) qui pourrit sera recueillie par les siens».

Pour le lecteur attentif, il n’échappe point que ces articles, surgissant dans une telle conjoncture, obéissent à une logique habilement escamotée. Une campagne bien orchestrée se profile bien derrière tout ce tapage médiatique. La simultanéité de ces écrits tentent de faire ressortir une collusion entre la Grande Révolution et les ex-nazis, n’est que le signe avant-coureur d’une guerre médiatique visant à porter atteinte à l’Islam comme le résument si bien ces formules racoleuses: (Un régime national-islamiste) rimant (avec national-socialisme) / «L’islamisme se rapproche du nazisme» entendez par là l’Islam.

N’est-il pas pour le moins intrigant que cette campagne promotionnelle pour des écrivaillons hostiles à l’Islam, cette fois bien de chez nous, aille de pair avec la nouvelle affaire des caricatures danoises; les sorties de la «célèbre» députée hollandaise d’origine, tenez-vous bien Djiboutienne et «musulmane, précise-t-on lourdement dans les médias français», ainsi que les récentes déclarations du ministre de l’Intérieur allemand qui réclamait une publication systématique de ces dessins dans toute la presse européenne.

Il y a là comme un relent de haine pour l’Islam, une terreur qui ne dit pas son nom et une grossière provocation.

La raison est aussi claire que l’eau de roche. Les motivations d’une telle campagne coïncident: D’une part avec le grand réveil de l’Islam et de l’échec de l’assimilation des populations issues des pays musulmans qui ne veulent aucunement se départir de leur religion malgré toutes les accusations de terrorisme et les thérapies de choc auxquelles est soumise la deuxième génération. L’islamisation galopante de l’Occident chrétien fait frémir l’establishment et tous les magnats de la presse qui en sont les porte-voix.

D’autre part, avec les évènements du Proche et Moyen-Orient. En effet, à chaque fois, qu’un massacre de grande envergure se prépare contre les populations musulmanes, un écran de fumée est déployé dans les médias pour masquer, pour bander les yeux de l’opinion publique internationale et l’empêcher de voir les horreurs se perpétrant à huis clos.

Scénario désormais classique, utilisé lors des évènements de Roumanie lorsque les médias ont braqué leurs caméras sur le couple Ceausescu et sa tragique fin en vue de passer sous silence l’assassinat de 7.000 Panaméens lors de l’invasion de leur pays par les Gi’s.

L’actualité sanglante de Palestine, survenant immédiatement, pendant le grand raffut médiatique sur l’hostilité de l’Islam à l’Occident, résonne dans nos têtes comme un tumulte tellement lointain qu’il perd toute signification, tout intérêt.

Et les corps d’enfants déchiquetés par les missiles air-sol des Apaches et les tanks nous paraissent aussi factices que les marionnettes du bébête show.

Elle est bien loin la liberté des médias qui a fait cesser la guerre du Vietnam. La presse est aujourd’hui devenue l’outil de désinformation par excellence aux mains des militaires. Et si une chaîne de télévision telle El Djazira ou El Manar s’avise à jouer les trouble-fêtes, on la musèle, soit en l’interdisant de satellite soit en éliminant physiquement ses correspondants.

Grossier leurre médiatique poussé jusqu’à la caricature est ce spectacle d’une foule vociférante, barbus à souhait, brandissant leur poing à la caméra, brûlant des drapeaux occidentaux; d’un Ben Laden fixant le téléspectateur occidental de son oeil injecté de sang, l’invective à la bouche et le doigt sur la gâchette; autant d’images stéréotypées, avidement recherchées par certaines télés dans le dessein évident de réveiller les peurs ancestrales et justifiant, par voie de conséquence, toutes les déprédations sanglantes commises par les troupes combattant au nom de «La liberté» dans les pays musulmans.

Aujourd’hui, il apparaît de façon évidente, que le «choc civilisationnel» dont il a été longtemps disserté, est mis en application en terre d’Islam.

L’agresseur crie au meurtre et les médias sont tous mobilisés dans cette campagne de mystification planétaire.

Que les fauteurs de guerre se rappellent que la puissance conjoncturelle n’est point à l’abri de la justice immanente.

La puissance de Pharaon ne l’empêcha pas de subir de Courroux Divin.

«Aujourd’hui, Nous sauvons ton corps pour que tu sois un signe (une leçon) pour ceux qui viendront après toi». Coran (Al Baquara)

Que ceux que le sort des Oppresseurs et des Injustes intéresse aillent visiter le Muséum du Caire, la momie de Ramsès II sera pour eux un grand sujet de méditation.

dimanche 18 mai 2008

17- Dimanche 18 mai 2008

Retour d'Algérie

samedi 3 mai 2008

16- Décès de la mère de Boualem SANSAL

Ain-Biya, commune de Béthioua (Arzew, ORAN)

Cybercafé du Camp 5, rue 4: 11 heures 30

J'apprends ce matin le décès de notre ami Boualem SANSAL. Qu'il reçoive ici mes condoléances les plus sincères.

Rectif ce jour 21 mai: Décès de LA MERE bien sûr.... mille excuses.
(merci Hemilepistus (http://algerbloghaus.blogspot.com/)

mardi 29 avril 2008

15- Le village...

http://www.tunisia-today.com/archives/47063

Avec «Le village de l’Allemand», l’écrivain algérien Boualem Sansal a remporté le grand prix RTL- Lire. Un ouvrage bien accueilli du côté des Français, boudé en Algérie !



Le prix RTL- Lire 2008 est venu à temps pour l’écrivain Boualem Sansal qui risque de perdre l’espoir après les critiques acerbes qu’a confronté son «Village de l’Allemand» depuis sa sortie. Acclamé par la presse française, rejeté par la presse algérienne, ce nouvel ouvrage de Boualem Sansal a ouvert mille et une polémiques. Publié chez Gallimard, «Le village de l’Allemand ou le journal des frères Schiller» a été sélectionné parmi toute une série qui comprenait «Beau rôle» de Nicolas Fargues, «La délégation norvégienne» de Hugo Boris, «Journal» de Hélène Berr et «Vie et mort d’Edith Stein» de Yann Moix. Dans «Le village de l’Allemand», Boualem Sansal raconte «l’histoire de deux frères d’origine algérienne, élevés dans une banlieue française par un oncle, qui vont découvrir le passé terrible de leur père. Officiellement ancien combattant du FLN, il était en réalité allemand, ancien officier SS réfugié en Algérie», lit-on dans le petit résumé de ce livre qui confirme de plus en plus le grand talent de Boualem Sansal qui est venu à l’écriture grâce à l’encouragement de son ami l’écrivain Rachid Mimouni. Ingénieur de son état qui a déjà à son compte un doctorat en économie, enseignant à l’université, chef d’entreprise et haut fonctionnaire, cet écrivain a publié son premier roman «Le serment des barbares» en 1999, chez Gallimard. Un livre qui a été bien salué par la critique mais qui a valu à son écrivain son poste de travail. Guidé par cet amour fougueux pour l’écriture, Boualem Sansal n’a pas baissé les bras et c’est avec «Harraga» son 4e roman que la reconnaissance a été rendez-vous.

Mais avec «Le village de l’Allemand», les choses sont encore floues du côté de son pays natal. «Je pensais que mon livre serait utile là-bas, qu’il ouvrirait le débat. Au lieu de quoi, je suis accusé d’être manipulé par les Occidentaux, d’apporter une caution internationale à Israël ou encore de relayer la propagande de Sarkozy qui reçoit Shimon Peres. Je me fais même traiter de fou…» a souligné cet écrivain algérien dans une interview accordée à la revue «Lire» suite à la cérémonie de remise du prix RTL- Lire 2008.



I.A.
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Les librairie Claire Fontaine organiseront deux rencontres en ce mois de Ramadan. La première se tiendra à la librairie Claire Fontaine-La Marsa, le mercredi 19 octobre 2005. L’auteur algérien Bouâlem Sansal présentera son dernier ouvrage «Harraga». La soirée débutera à 20h30. Le seconde, qui se déroulera à l’Espace Claire Fontaine à El Menzah VI, sera consacrée à Youssef Seddik, qui présentera «Nous n’avons jamais lu le Coran ». L’événement aura lieu le jeudi 20 octobre 2005 à 21h00.
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